La manifestation islamiste contre la présence israélienne à la réunion de l'IS à Casablanca, du 31 mai au 1er juin, n'a pas perturbé la bonne marche des travaux de cette organisation. Pour l'USFP, ce mouvement de protestation, piloté par le PJD, a même rendu service à l'image du Maroc… La foule des manifestants s'est donné rendez-vous, à partir de 9 heures ce vendredi 31 mai, devant l'hôtel de Casablanca où s'ouvrent les travaux de l'Internationale socialiste. Pendant plus d'une heure, les islamistes ont crié pendant plus d'une heure des slogans anti-israéliens avant de se disperser dans le calme. Un mouvement de protestation lancé par 5 associations islamistes : Harakat Attawhid Wal Isslah, Al Adl Wal Ihssane, Al Haraka min Ajl Al Oumma, Al Badil Al Hadari et Nadi Al Fikr Al Isslami. Dans leur “appel au peuple marocain“, ces associations ont protesté contre “ la présence de la délégation sioniste“ dans le conseil de l'IS. Officiellement, le PJD (Parti de la justice et du développement) ne s'est pas associé à cette action. Or, le leader de cette formation, Abdelkrim El Khatib, ainsi que certaines de leurs figures comme Mohamed Ramid et Abdelilah Benkirane étaient présents. Ils prenaient même les devants de cette manifestation aux côtés de cadres de Al Adl Wal Ihssane comme Fathallah Arsalane. Dans cette affaire, le PJD, qui a opéré une alliance de circonstance avec le mouvement de Yassine dans la réprobation de la réunion de l'IS au Maroc, a mis en avant son association Attawhid Wal Isslah dirigé par Ahmed Raïssouni. Ce partage des rôles ne trompe personne, le PJD et son association caritative étant deux faces d'une même médaille. Un groupe de gauchistes a également joint sa voix à cette opération pilotée de bout en bout par le PJD. Entourés d'un cordon de sécurité draconien pour éviter tout dérapage éventuel, les manifestants, hommes et femmes voilées, ont voulu imprimer une certaine solennité à leur démonstration, filmée par une flotille de caméras. Certaines banderoles dénonçant “Sharon l'assassin“, “Israël l'ennemi des peuples“, d'autres exprimant la solidarité avec la lutte du peuple palestinien. Les participants ont commencé à entonner leur couplet réprobateur, tandis que la police essayait de les tenir en respect loin de l'entrée de l'hôtel. Profitant de la confusion ambiante, quatre jeunes islamistes ont été refoulés sans ménagement au moment où ils s'apprêtaient à s'introduire dans la salle de réunion des membres de l'IS. Une salle passablement vide, puisque les gens ont accouru pendant quelques moments vers l'extérieur pour voir ce qui se passe. Un ex-ministre PS français eut ce commentaire en regardant la foule des manifestants : “ Ce n'est pas impressionnant. À Paris, les manifestations islamistes rassemblement beaucoup plus de monde“. Pour donner du relief à leur mouvement, certains manifestants ont trompé la vigilance des policiers pour brûler le drapeau israélien aux cris de “ à bas le sionisme“. À part ce geste de colère, la manifestation n'a connu aucun incident fâcheux. De l'avis de tous, elle s'est déroulée dans un esprit civilisé. Sans aucune forme de répression. En fait, c'est un sentiment de soulagement qui a prévalu par rapport à toute cette agitation. Certains dirigeants de l'USFP étaient même contents de voir le Maroc, sous leur mandat, montrer ce visage à cette grande occasion. Le visage d'un pays où les gens ont le droit de manifester et d'exprimer bruyamment leur divergence. “ On dirait une manif dans une capitale occidentale. C'est l'image du Maroc qui en sort gagnante“, explique-t-on. Combattif comme toujours, le Premier secrétaire de l'USFP, Abderrahmane Youssoufi, a retourné en sa faveur la force de ses adversaires politiques, en l'occurrence le PJD, l'initiateur principal de cette fronde qu'il a démarrée dans l'enceinte du Parlement. À l'issue des débats de l'IS jugés positifs par l'USFP, ce parti s'est affirmé comme le champion de la défense de la cause palestinienne. En revanche, Mohamed Ramid et ses amis sont apparus, à quelques mois des législatives de septembre, comme des opportunistes qui voulaient récupérer cette cause à des fins politiciens en jouant sur le registre émotionnel de l'opinion publique. Autrement dit, l'affaire de la présence israélienne dans le forum de l'IS était considérée, sous couvert de soutien aux peuple palestinien et à sa lutte, comme une aubaine pour gagner des voix sur le credo palestinien. Décidément, tous les moyens et tous les prétextes sont bons quand il s'agit du râtelier électoral…