Faisant l'objet d'une violente campagne tendancieuse de la part d'islamistes et de gauchistes, alliés objectifs en cette circonstance, les socialistes ont manifesté des talents d'organisation et de savoir-faire qui ont concouru à la réussite des assises. La question palestinienne a été centrale dans les travaux de l'IS. Une importante résolution a été adoptée sur le sujet. La réunion du Conseil de l'Internationale socialiste ( IS), à Casablanca, le 31 mai-1 juin, a eu, en quelque sorte, le mérite de participer à la clarification de la nature de la lutte politique au Maroc, et de rappeler, certains faits devenus presque des constantes pour notre pays. Il s'agit, en premier lieu, d'une rencontre objective entre les gauchistes et les islamistes. La symbolique des deux manifestations observées devant les lieux des assises de l'IS se passait des longs commentaires. Le jeudi 31 mai, ils étaient, environ 200 personnes à demander l'exclusion des travaillistes israéliens de cette instance internationale. Comme si l'USFP, à lui seul possédait les clés de cette affaire et comme si cette exclusion serait une fin en soi ; et ce alors qu ‘en politique, l'exclusion crée, souvent, le vide autour d'elle. La seconde manifestation à laquelle ont appelé les islamistes du Parti de la justice et du développement ( PJD) et de l'Association Al Adl Wal Ihssan, qui s'est déroulée vendredi 1er juin, a connu la participation de certains éléments qui se proclamaient laïcs, il y a, à peine, quelques mois, comme Mohamed Sassi, ex-cadre de l'USFP et s'est distinguée par les faits suivants : d'abord, la présence des manifestants était loin de cette dimension gigantesque qu'on lui prétendisait. Le nombre des islamistes ne dépassait pas les quelques centaines. Aussi, la querelle des minarets entre les composantes de cette mouvance a eu un impact négatif sur leur réputation. Troisième constat, enfin, s'il n'y avait pas les hauts parleurs, les banderoles et la télévision, rares seraient les gens qui se rendraient compte de ces manifestations. Ce qui explique, en grande partie, le harcèlement observé à l'égard des médias . Un moyen d'amplification d'événements microscopiques, comme ceux des manifestations des 31 mai et 1 juin. Par ailleurs, à l'intérieur de la «salle» des réunions, une autre symbolique s'exprimait d'elle même. Il s'agit d'un hommage au Premier ministre Abderrahman Youssoufi, et sa formation politique, l'Union socialiste des forces populaires ( USFP) et de la symbolique que représente le Maroc, en tant que terre de paix et de tolérance. Dans son allocution à l'ouverture du Conseil de l'IS, M. Youssoufi a tenu à rappeler cette «vérité» dans des termes éloquents et tranchants : «Est-il, dit-il, un thème aujourd'hui plus opportun, plus urgent et plus vital que celui de la paix?». «Est-il possible d'aborder la problématique de la paix et de la sécurité dans le monde sans évoquer le conflit le plus ancien, le plus douloureux, le plus dangereux pour la paix et la sécurité internationales ?», a-t-il ajouter. Est-il possible, dans ce pays en particulier, le Royaume du Maroc, où des siècles durant, ont pu et su coexister, dans la diversité de leurs cultures et traditions, les religions du livre? Où l'antisémitisme n'eut jamais aucune prise, même aux heures les plus sombres de l'histoire européenne et méditerranéenne, où le respect de l'altérité est constitutif de l'idée même de la Nation et où furent entamés, à l'initiative combien inspirée de feu Hassan II, que Dieu ait son âme, les premiers contacts israélo-arabes pour la paix, de rester sourd et insensible aux événements dramatiques du Moyen-Orient ?», conclu-t-il, à cet effet. Message reçu et approuvé. L'IS adopta une résolution sur le Moyen-Orient, considérée, à l'unanimité de ses membres, comme étant un pas historique dans le sens de l'établissement de la paix. Pour la première fois, «le Parti travailliste israélien, le Meretz et le Fatah acceptent que la reconnaissance mutuelle de l'Etat d'Israël et l'Etat de la Palestine, comme deux Etats destinés à vivre côte à côte, devrait être l'engagement initial avant que les négociations commencent entre les deux peuples». Pour ce qui est du Maghreb, l'IS a plaidé en faveur de l'intervention du Conseil de sécurité onusien pour mettre un terme au massacre des civils en Algérie. Et tout en condamnant la violence dans ce pays, elle a appelé à la reprise des négociations entre les différents partenaires politiques. Bien entendu, d'autres questions ont été au cœur des débats au sein des sessions, notamment celles portant sur la sécurité économique et sociale, la justice et le développement. Des thèmes actuels à réactualiser.