Mohamed Cherif Messaâdia, président du Conseil de la nation, chambre haute du Parlement algérien, est décédé samedi, à l'âge de 78 ans, à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine, près de Paris, des suites d'une longue maladie. Mohamed Cherif Messaâdia a incarné des années durant le Front de libération nationale (FLN) du temps du parti unique. Sa maladie des poumons l'avait contraint à prendre congé du Sénat depuis sa première hospitalisation à Pretoria, alors qu'il était parti pour représenter le président algérien Abdelaziz Bouteflika, à la cérémonie d'investiture du Président sud-africain M. M'Beki. Depuis, il avait fait de longs séjours dans une maison de repos à Genève et à Neuilly. Pour la majorité des Algériens, il restera celui qui a cristallisé la colère des jeunes d'Octobre 1988 et le «numéro deux» du temps de Chadli Bendjedid, l'ex-Président de la République (1979-1992), comme du temps de celui dont il a soutenu la candidature à l'élection présidentielle du 15 avril 1999 pour atterrir, «après un putsch» le 12 avril 2001, sur le fauteuil de Bachir Boumaza comme l'archétype des caciques du FLN. Il a été membre du comité central de ce parti depuis 1964 et s'est distingué par son opposition farouche à toute réforme politique. Une position qui contraindra M. Chadli à lui demander, juste après Octobre 1988, de se retirer du devant de la scène politique. Né en 1924 à Souk- Ahras, diplômé de Djamaâ Zeïtouna, il rejoint le mouvement national en 1942. Après le déclenchement de la guerre de Libération, il est officier de l'Armée de libération nationale à la frontière algéro-tunisienne. Par ordre du Gouvernement provisoire (GPRA), il fut arrêté et incarcéré entre 1958-1960 sous le chef d'accusation de complot contre la sécurité de l'Etat. Il est alors envoyé à la frontière algéro-malienne où il retrouve Abdelaziz Bouteflika, dit Abdelkader El-Mali. Au lendemain de l'indépendance, il est désigné secrétaire du parti, puis député dans l'Assemblée constituante et responsable du FLN, parti unique, à Béchar puis à Annaba, avant de devenir membre du comité central du FLN depuis le congrès d'avril 1964, jusqu'à sa destitution du poste de secrétaire général après les événements d'Octobre 1988. Il occupe plusieurs postes de responsabilité au sein du parti, responsable chargé de l'information et de l'orientation depuis 1967, ministre des Moudjahidine dans le gouvernement Abdelghani en 1979 avant d'être nommé secrétaire permanent du comité central du parti en remplacement de Mohamed Salah Yahiaoui en 1980 pour une période de huit ans. Il fut derrière l'élimination de tous les courants d'opposition et ce, suite à l'adoption de la loi 120-121 lors du congrès du parti qui interdit toute activité politique et exclut toute personne n'appartenant pas au parti d'un poste de responsabilité au sein des entreprises et des organisations de masse. Sa destitution en octobre 1988 marquait la fin de sa carrière et de ses ambitions politiques jusqu'à sa réapparition sur la scène lors du dernier congrès en février 1998 et sa nomination comme membre du comité central du parti. Mohamed Cherif Messaadia maintient ses positions et persiste à croire que la place naturelle du FLN reste toujours le pouvoir. Il sera écarté par Chadli, qui, dit-on, voulait mettre fin au rôle du FLN. Messaâdia réapparaît lors de la préparation des candidatures à l'élection présidentielle du 15 avril 1999 et joue un rôle actif dans le retour de Bouteflika, dont il est très proche. En janvier 2001, il est nommé sénateur dans le tiers présidentiel par Bouteflika avant de prendre la tête de cette chambre haute du Parlement le 12 avril après l'éviction de Bachir Boumaâza, opposé au Président sur le fonctionnement du Sénat.