Deux coups durs pour l'athlétisme marocain : la candidature de Casablanca à l'organisation des championnats du monde d'athlétisme 2009 qui n'a pas été retenue et la contre-performance à Rome de Hicham El Guerrouj, qui risque aussi de rater les Jeux Olympiques d'Athènes. En l'espace de quelques jours, l'athlétisme marocain a reçu deux claques. D'abord, la candidature de la ville de Casablanca à l'organisation des championnats du monde d'athlétisme 2009 qui n'a pas été retenue. Hormis le fait que l'organisation sera européenne, l'IAAF n'a pas avancé d'autres explications. Quatre villes sont, désormais, en lice: Bruxelles, Berlin, Valence et Split. L'IAAF devra statuer, le 4 et 5 septembre prochain, sur la ville qui abritera l'un des plus grands événements athlétiques au monde. Encore un rendez-vous sportif raté. Sauf que cette fois-ci les Marocains, contrairement à 2010, n'y croyaient pas trop. Dans une déclaration faite à « Aujourd'hui Le Maroc», il y a quelques semaines, M'hamed Aouzal, président de la FRMA, avait fait savoir qu'en cas de rejet du dossier de Casablanca, le Maroc postulera à nouveau pour 2011. Maintenant que 2009 n'est plus qu'un simple mauvais souvenir, l'instance chargée de la gestion de l'athlétisme au Maroc est appelée à maintenir la date de la tenue de son assemblée générale, prévue au mois de septembre. Il faut que tout ce qui a été prévu comme plan d'actions pour la restructuration de l'athlétisme ne soit pas que des paroles dans l'air. Deuxième coup dur cette semaine : la défaite du champion du monde Hicham El Guerrouj sur sa distance de prédilection le 1500 m, vendredi lors du meeting de Rome, comptant pour le Grand Prix IAAF. Certes, personne ne s'attendait à ce que le prince du demi-fond soit détrôné, encore plus par un bahreïni d'origine marocaine, Hicham Ramzi; mais cette défaite, en elle même, est en quelque sorte le mal nécessaire. Autrement dit, elle intervient au bon moment, à quelques semaines des Jeux Olympiques d'Athènes. Le temps pour le triple champion du monde, pas encore en forme, de bien préparer un rendez-vous qui lui tient à cœur. Car c'est le seul titre qui manque encore à son palmarès. À Rome, c'était aussi l'occasion pour notre champion de faire connaissance de ses sérieux concurrents lors des Olympiades : Baala, Lagat et Ramzi. Mais ces trois athlètes, seul Ramzi a battu El Guerrouj. Pour ceux qui ne le connaissent pas, El Guerrouj a un tempérament de gagnant. Qualité d'un grand athlète. À deux reprises, il a été victime de la malédiction des JO. Mais, à chaque fois, il a réussi à se relever et à revenir encore plus fort. Depuis qu'il a détrôné l'Algérien Noureddine Morceli, il contrôle toutes les courses et tout le monde. Phénomène de la nature, depuis 1995 et sur 83 courses, l'empereur en a remporté 81. Ses seuls revers : les finales des JO de 96 à Atlanta et de 2000 à Sydney. Rares sont les athlètes qui voient en la défaite une source de motivation, un défi à relever. D'ailleurs, juste après sa course de Rome, il avait déclaré : «J'ai perdu la bataille, mais pas la guerre ». El Guerrouj est un athlète qui ne désarme pas facilement. Les athlètes du calibre du recordman du monde du 1500m se comptent sur le bout des doigts. Depuis Said Aouita, jamais un athlète marocain n'a été aussi dominateur. Maître incontesté, il est, avec Aouita, le seul à avoir hissé haut, et pendant plusieurs années, le drapeau national dans les grandes compétitions. Aux yeux des Marocains, il n'y a que lui qui peut pulvériser les records et glaner les médailles, à tel point que c'est devenu une habitude chez les Marocains. Une deuxième ou une troisième place n'était pas la bienvenue. Le résultat enregistré par El Guerrouj à Rome laisse poser beaucoup de questions. Jusqu'à quand continuera-t-on à compter sur un seul athlète ? À un moment où l'athlétisme souffre de la «fuite des jambes». Auparavant, le phénomène se limitait à de simples athlètes. Aujourd'hui, il touche des athlètes de haut niveau : Moughit, Sghir, Maâzouzi, Khanouchi, auteur de la meilleure performance mondiale de tous les temps sur marathon… et la liste est longue. Le cas de Hicham Ramzi, qui n'est pas le seul à être naturalisé bahreïni vient tirer la sonnette d'alarme sur le problème de la relève et celui de la gestion hasardeuse de l'athlétisme au Maroc. Une gestion dont le monopole est détenu par un seul homme : Aziz Daouda, directeur technique national. Quant au président de la FRMA, on lui reproche de ne pas être à l'écoute des athlètes.