L'Algérie suit avec un intérêt particulier l'affaire de Mohamed Benchicou, directeur du quotidien « Le Matin », condamné pour infraction au contrôle des changes. Le 42ème anniversaire de l'indépendance en Algérie, correspondant au 5 juillet, fut ponctué par un mouvement de protestations, suite à l'appel lancé par le collectif du journal «Le Matin». Environ deux cents personnes ont répondu présent et ont manifesté, à Alger, en premier lieu pour la liberté de la presse, puis afin d'exprimer leur soutien à Mohamed Benchicou, condamné à deux ans de prison et 200.000 euros d'amende pour «transfert illégal de capitaux et infraction à la législation régissant le marché de changes». L'affaire fait la Une de la presse algérienne et les condamnations ne cessent de foisonner, les pétitions de tomber. Le rassemblement s'est déroulé sous haute surveillance policière, mais aucun incident n'a été enregistré, selon la presse locale. La manifestation a principalement mobilisé, outre la famille de l'intéressé, des journalistes, mais aussi hommes de lettres et acteurs de la société civile. La Place «La liberté de la presse» est l'endroit symbolique choisi par le collectif du journal Le Matin, afin d'exprimer son mécontentement sur ce qui se trame dans le pays contre la presse indépendante. Des sorties faites par les journalistes dudit journal, reprises par l'Associated Press, montrent bien que le journal incriminé est l'un des plus critiques à l'égard du régime en place. Selon les déclarations des collègues de Mohamed Benchicou, ce dernier «paye pour ses écrits et la ligne éditoriale du journal, marquée par une hostilité ouverte au président, notamment à l'occasion de la compagne électorale d'avril dernier». Une pétition lancée sur le site Internet du quotidien Le Matin aura recueilli plusieurs centaines de signatures. Celle-ci qualifie la condamnation de Benchicou d'injuste et le chef d'accusations de « prétextes fallacieux invoqués par une justice aux ordres pour arrêter Mohamed Benchicou et faire taire une voix contestataire ». « Mohamed Benchicou paie en réalité à la fois la vigueur du ton de son journal et le contenu irrévérencieux de son livre “Bouteflika : une imposture algérienne”. Il nous paraît évident que la sanction prononcée par la justice est une exécution de la menace proférée par le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui promettait, il y a un an de cela, de «faire payer» Benchicou», peut-on lire sur la pétition. Il est à rappeler qu'outre ses chroniques assassines à l'égard du régime, le directeur du journal Le Matin est auteur d'un pamphlet incendiaire contre le président algérien. « Historiquement, Abdelaziz Bouteflika a toujours été présent dans les épisodes où le pouvoir civil a dû céder du terrain au pouvoir militaire. Sa première grande mission réussie au bénéfice des militaires date de décembre 1961. Il récidivera en 1965. », peut-on lire dans les pages de « Bouteflika : une imposture algérienne ».