En plus de l'augmentation des prix des viandes rouges, le transfert des abattoirs aux nouveaux locaux a provoqué des répercussions négatives sur l'activité des chevillards. Les professionnels demandent la constitution d'une commission d'enquête. Le bureau régional des syndicats des bouchers affiliés à l'Union générale des entreprises et professions, (UGEP), a organisé lundi à Casablanca une assemblée générale. Lors de cette manifestation, les bouchers et les chevillards de Casablanca ont soulevé les problèmes que connaît le secteur de la distribution des viandes rouges dans la capitale économique, après le transfert des abattoirs aux nouveaux locaux installés dans la commune urbaine de Sidi Othmane. Les professionnels soulignent que ce transfert a eu des répercussions négatives sur leur activité et sur les consommateurs. Ces derniers se plaignent de l'augmentation enregistrée dans le prix des viandes. Certains Casablancais se dirigent maintenant vers les régions de la métropole pour s'approvisionner en cette matière vitale. Les bouchers ne cachent pas leur colère à propos de la réduction de leur marge du bénéfice. Abdeljalil Ansari, boucher, indique que les chevillards acquièrent aujourd'hui la viande à plus de 65 dirhams, alors que le prix de la vente n'excède pas 70 dirhams. Et avec les frais du transport, a-t-il précisé, qui ont connu également une hausse, les professionnels n'arrivent pas à s'en sortir. Et d'ajouter que dans les nouveaux abattoirs, il n'y a qu'environ 150 têtes de bovin et 600 têtes d'agneau qui sont immolés par jour, alors que dans les anciens abattoirs l'immolation touche environ 700 têtes de bovins et environ 2000 têtes d'agneau. Chose qui engendre, a-t-il relevé, un manque dans l'approvisionnement. « Si on arrive en retard, on ne peut pas s'approvisionner », a-t-il déclaré. Autre problème qui suscite la colère des professionnels. Dans les nouveaux abattoirs, la bête, après le dépeçage, est livrée avec ses tripes et autres accessoires, selon le nouveau système de pesage. Et avec la suppression des métiers traditionnels, les bouchers rencontrent des difficultés pour les écouler, ajoute-t-il. Il est à souligner que la ville de Casablanca, vu le nombre de ses habitants, demande pas moins de 100 tonnes de cette matière vitale par jour, environ 2000 têtes de bovin et d'ovin. Un secteur où le nombre des investisseurs s'articule autour de 360 chevillards et environ 5400 commerçants-bouchers. Ce qui génère environ 15000 emplois permanents et plus de 5000 saisonniers. Les professionnels soulignent que le transfert n'a pas pris en compte le volet social des employés. Dans un communiqué rendu public, à l'issue de cette assemblée générale, les chevillards et bouchers de Casablanca appellent les autorités à intervenir d'urgence pour permettre aux chevillards d'immoler dans les nouveaux abattoirs. Procédure, «liberté d'immoler», précisent-ils, de nature à sauvegarder l'équilibre au niveau des prix et de l'approvisionnement. Dans ce sens, ils demandent la constitution d'une commission régionale, présidée par le wali du Grand Casablanca, et comprenant des représentants de l'administration des nouveaux abattoirs et des chevillards et bouchers en vue de mener une enquête et déterminer les responsabilités. En attendant, le secteur baigne dans la crise.