L'ensemble des groupes parlementaires estime que la hausse des tarifs des soins hospitaliers devait être accompagnée d'une politique de sensibilisation des citoyens, de mesures concrètes en direction des démunis et d'une réforme en profondeur du secteur de la santé au Maroc. Le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadillah, était l'invité de la commission chargée des secteurs sociaux, mercredi 23 juin au soir. A l'ordre du jour, débattre de la pertinence de la décision prise par Biadillah et Oualalou d'augmenter la tarification des soins et services dans les établissements hospitaliers publics. L'intervention du ministre a porté tout d'abord sur l'organisation hospitalière au Maroc. A cet effet, le principal argument du ministre a été de préciser que l'augmentation de la tarification n'a concerné que 92 hôpitaux sur les 2.400 que compte le Maroc. En clair, le monde rural n'est, selon lui pas concerné par cette augmentation. En tout cas, le ministre a précisé que le secteur de la santé au Maroc souffre d'un manque flagrant en moyens financiers et que cette augmentation s'inscrit dans la politique de mise à niveau du secteur. Pour leur part, l'ensemble des groupes parlementaires, majorité et opposition confondues, ont manifesté leur rejet de la décision gouvernementale d'augmenter la tarification des soins et services dans les hôpitaux publics. Abdellah El Ouarti, député de l'Istiqlal, s'est interrogé sur la popularité de cette décision. Pour lui, il est incontestable que la hausse des prix ne peut qu'attiser la colère des citoyens. Surtout les plus démunis. En outre, El Ouarti a estimé que si le ministère considère cette hausse des prix comme "une nécessité", "il fallait commencer par injecter des fonds pour mettre à niveau les hôpitaux publics avant d'exiger que les citoyens mettent la main dans la poche". Il donne pour exemple les sociétés publiques en faillite. "L'Etat commence toujours par combler les déficits avant de les privatiser", souligne-t-il. Aussi, "ne fallait-il pas attendre l'entrée en vigueur de la couverture sociale?", s'interroge-t-il. En effet, les démunis doivent bénéficier d'un cadre sanitaire propre à eux et dont le principe serait toujours la gratuité. Dans ce cas, le gouvernement n'aurait aucune honte à faire payer les citoyens marocains aisés quelques dirhams de plus pour leurs soins dans les hôpitaux publics. Pour sa part, Mme Khadijatna Ebbouh Maâ El Ainain, députée de l'Union Constitutionnelle, également exprimé le refus de son parti à cautionner l'augmentation des tarifs des soins. Elle a estimé que si le ministère avait effectivement besoin de ressources financières, il devait exploiter tous les moyens possibles et imaginables avant de décider la hausse des tarifications. Le même ton, critique, a été tenu par le PJD et Al Ahd, représentés respectivement par Abouzaid El Moqri Al Idrissi et le Pr Najib El Ouazzani. En termes clairs, les groupes parlementaires ont estimé que la hausse des tarifs devait être accompagnée d'une politique de sensibilisation des citoyens, de mesures concrètes en direction des démunis et d'une réforme en profondeur du secteur de la santé au Maroc.