Le gardien de l'équilibre budgétaire est-il en train de lâcher du lest ? Pas si sûr ! Le ministre de l'économie et des finances, Fathallah Oualalou, considéré comme le chantre de l'équilibre budgétaire, est en train de lâcher du lest à une vitesse vertigineuse. Ce relâchement qui lui a été dicté par la pression sociale lui démontre l'amère réalité du terrain quand on est dans un poste de responsabilité comme le sien. D'ailleurs ce n'est pas la première fois que l'ex-célébrissime député de l'opposition change d'avis en matière des finances de l'Etat. Quand il était de l'autre coté de la rive au sein du Parlement, il n'a jamais cessé de contester la politique d'austérité du gouvernement de droite. Mais dès qu'il a pris les rênes des finances il a veillé, tout autant que ces prédécesseurs, à respecter scrupuleusement les restrictions des équilibres fondamentaux et de la limitation du déficit budgétaire. Ce faisant, l'espoir d'une politique budgétaire plus tournée vers le social, s'est estompé comme un feu de paille. Les quelques percées intermittentes en actions sociales n'ont pas suffi pour arrêter la progression alarmante du chômage. Ce qui gêne aux entournures, c'est que pendant plus de trois ans ce super ministère a fermé tous les robinets face aux revendications sociales. Mais à quelques mois des prochaines échéances électorales, ce département remet tout en cause en faisant des concessions qui tirent à conséquence pour les finances de l'Etat. En concédant un budget aussi consistant que les quatre milliards de dirhams accordés pour la revalorisation des salaires des enseignants, le ministre a beaucoup plus perdu que s'il avait répondu aux revendications initiales des fonctionnaires et des offices de l'Etat. Aujourd'hui le budget du ministère est profondément atomisé par l'obligation d'une conjoncture prête à toutes les tentations électorales. Ceci étant, il engage des dépenses qui risqueraient d'obérer dangereusement l'action du futur gouvernement qui serait acculé à respecter cet engagement. Fathallah Oualalou joue ainsi le rôle du pompier du gouvernement, alors qu'il pouvait bien s'en passer en signant des conventions moins coûteuses avec les syndicats. Comme quoi le politique qui consiste à imposer une certaine rigueur budgétaire et qui s'efface devant la première crise sociale n'est aucunement perspicace. Au fait le ministre de l'économie et des finances s'implique beaucoup trop dans la gestion des affaires publiques pour qu'il puisse avoir un minimum de liberté de manœuvre.