Le gendarme du marché retrousse ses manches pour renforcer la transparence au niveau des pratiques des sociétés de gestion de la place casablancaise. Les réunions se suivent, mais semble-t-il ne se ressemblent plus. Elles sont en effet de plus en plus marquées par une certaine efficacité. L'époque où les intervenants sur nos marchés de l'argent, autorités de tutelle et professionnels, se réunissaient juste pour se réunir serait révolue. À titre d'exemple, une réunion tenue la semaine dernière par les responsables du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM), autorité du marché financier marocain, avec les contrôleurs internes des sociétés de gestion d'actifs, renseignent sur cette nouvelle dynamique. L'objet de cette rencontre, faisant partie d'un ensemble de réunions de travail, était de débattre des nouvelles circulaires applicables aux activités des sociétés de gestion d'actifs. Sa particularité réside dans le fait que les responsables du CDVM ont été intransigeants sur le respect total d'une clause interdisant désormais les opérations inter-fonds qu'effectuent les gestionnaires. Le gendarme du marché veut, cette fois-ci, réagir de manière efficace. Il veut mettre fin aux pratiques de certains gestionnaires qui profitent des fonds dédiés, que leur confient des compagnies dans le cadre de contrats de gestion, pour dynamiser la performance des fonds commercialisés. Ils effectuent des opérations inter-fonds à des prix bas différents des conditions prévalant sur le marché. Ces pratiques peu déontologiques ont poussé quelques compagnies d'assurances à liquider leurs fonds gérés par des entités de gestion. Plus encore, ces manquements font que plusieurs grandes entreprises hésitent encore à constituer des fonds. Sinon, complicité mystérieuse oblige, liant des responsables se souciant beaucoup plus de leurs agendas, à des gestionnaires généreux, aux pratiques peu nettes, des fonds sont encore constitués. Les petits épargnants, eux aussi, ne se hasardent plus à souscrire des parts dans les fonds-actions. Hormis les performances médiocres affichées, ces fonds servent encore de corbeille aux « clients » voulant se débarrasser de leurs portefeuilles actions. Dans un tout autre registre, ces mêmes intervenants reprochaient au CDVM et ce, depuis toujours, les dispositions draconiennes qu'ils insèrent dans ses circulaires réglementant les activités financières de la place. Ils le désignent aujourd'hui comme étant la cause directe de la crise que connaît le marché financier. Mais c'est effacer de la mémoire de nombreux intervenants, que le CDVM n'a jamais appliqué, comme il se le doit, la majorité de ces dispositions réglementaires. « S'il s'est attelé dès le début à le faire correctement, la place casablancaise aurait certainement pu connaître un autre sort et se développer encore plus », soutiennent des observateurs. Ils sont nombreux à estimer que ce sont ces intervenants peu scrupuleux qui ont contribué par leurs agitations à cette situation chaotique. La démarche amorcée par le CDVM est salutaire, même si elle engendre la colère des intervenants. Ceux-ci aspirent à réaliser des profits alors que le gendarme du marché cherche à renforcer la transparence par le respect des règles du jeu. C'est un compromis, entre ces deux logiques, qui permettra de reconquérir la confiance perdue des institutionnels et des épargnants dans les produits financiers de placement.