95% des entreprises opèrent une révision de salaire au moins une fois par an, le taux d'augmentation de ces salaires diffère d'un profil à l'autre et se fait rarement de façon générale et uniforme. Les prévisions de 2014 sont toutefois moins ambitieuses qu'on l'aurait pensé, la cadence de croissance étant prévue à la baisse, les employeurs seraient moins réticents dans leur politique de rémunération. C'est en gros ce que l'on peut conclure de la 17ème enquête rémunération réalisée par le cabinet Diorh. Avec un panel de 114 entreprises participantes, le cabinet Diorh nous livre la plus consistante (et représentative) de ses enquêtes rémunération et ce, depuis 17 ans. Il s'agit en effet du deuxième plus gros panel sur le continent où l'Afrique du Sud se positionne en tête. Plusieurs données en ressortent, les pratiques de rémunération ont, paraît-il, évolué avec le temps. Si l'on se base sur cette enquête, 94% de l'effectif des entreprises voient leurs rémunérations augmenter de façon annuelle, 2% sont augmentées plusieurs fois par an et pour les 3% restants, la révision de salaire se fait de façon aléatoire sur le temps. Ces augmentations se font généralement en janvier, mars et avril. Il est toutefois à noter que sur ces répondants ont été exclus les expatriés. Le taux des entreprises marocaines participantes a augmenté de 30% par rapport à la dernière enquête rémunération de Diorh. Selon Said Bellal, directeur général du cabinet Diorh : «Au Maroc, les mentalités sont compliquées et il nous a été difficile de faire adhérer les entreprises nationales à cette enquête. Il y a dix ans de cela, nous n'avions qu'une seule entreprise à avoir accepté de jouer le jeu et de parler rémunération». En effet, ces entreprises communiqueraient sans gêne les salaires des employés mais dès qu'il s'agit de directeurs ou des profils de haute hiérarchie, le silence est le maître mot. Généralement, l'augmentation qui touche la rémunération des directeurs est moyennement de 3,6%, le comité de direction 4,1%, les cadres supérieurs 4,9%, la force de vente 4,7%, les cadres moyens 4,9%, les employés 4,7% et les ouvriers sont augmentés à hauteur de 4,3%. Selon les prévisions, certains de ces taux seront légèrement vus à la baisse durant l'année 2014. C'est du moins ce que nous confie le DG du cabinet qui estime que, «le taux de croissance connaîtra une baisse et donc, dans le meilleur des cas, les augmentations ne dépasseront pas les 3,5% pour le 25ème centile». Comme il est pratiqué mondialement, les révisions de salaire se font davantage de façon individuelle, s'ajoute à cela le fait que de moins en moins d'entreprises indexent aujourd'hui la grille de rémunération au taux d'inflation. Cette hésitation s'étalera également aux décisions de recrutement puisque 51% des entreprises ne prévoient pas d'embauche à fin 2013. «C'est plus psychologique que factuel, nous sommes aujourd'hui dans un certain attentisme. Les investissements étrangers n'ont pas encore repris de plus belle, chose qui ne met pas en confiance les dirigeants qui, naturellement, recrutent moins», explique la même source. 8% des entreprises marocaines comptent réduire leur effectif A l'heure actuelle, il est difficile pour les entreprises de définir de façon claire leurs intentions d'embauche. Le climat international ne s'étant pas encore remis à pied, les employeurs demeurent méfiants et adoptent une attitude d'attentisme. Afin de baigner dans des eaux stables, les entreprises attendent le déblocage des investissements étrangers pour que toute nouvelle embauche ait sens. Ce constat est largement relaté par l'enquête rémunération 2013 menée par Diorh auprès de 114 entreprises dont le chiffre d'affaires est d'au moins un milliard de dirhams et l'effectif de plus de 500 personnes. L'enquête en question conclut que 8% des entreprises prévoient une réduction d'effectif et 51% des entreprises ne prévoient aucune embauche d'ici fin 2013. En 2014, ces chiffres ne sont pas plus ambitieux et la réticence prend toujours place puisque 47% des employeurs refusent de prendre le risque d'augmenter leur effectif et donc, recrutement il n'y en aura pas. 45% recruteront à l'instar des prévisions établies pour fin 2013, 8% des entreprises réduiront leur effectif. Quel salaire pour quel diplôme? Au moment de l'embauche, il est difficile de sélectionner les profils de jeunes diplômés en se basant sur leurs performances puisque le passage au terrain n'est pas encore fait. Ceci dit, et de manière presque réflexe, ces employeurs privilégient et valorisent un genre de formation à un autre et une école à l'autre en se basant sur la réputation nationale et internationale de ses lauréats sur le marché d'emploi. Dans l'enquête rémunération apparaissent des tendances de recrutement qui appuient ce constat. Les profils les mieux payés à l'embauche sont souvent des lauréats de grandes écoles de commerce telles HEC, ESSEC, EM Lyon, Edhec, MIT, Londonc business school ou encore de prestigieuses écoles du genre Harvard, MIT et Stanford. Les lauréats de ces écoles touchent à l'embauche, en moyenne, un salaire dépassant largement les tendances du marché et qui est de 226.224 DH. Ce chiffre est de 175.932 DH pour les lauréats des écoles de commerces françaises (sans classes préparatoires, ndlr) à l'instar de l'ESCA, l'INSEES et l'IPAG. Quant aux écoles d'ingénierie marocaines (EHTP, EMI…), elles viennent en troisième lieu et leurs lauréats sont payés à l'embauche à hauteur de 173.289 DH en moyenne. Cherchons bon commercial désespérément Pour les employeurs aujourd'hui, le défi majeur serait de recruter les oiseaux rares en force de vente. Ces profils étant réellement rares sur le marché, ces entreprises doivent de ce fait recruter, former et surtout avoir l'intelligence de les garder. Selon les données de l'enquête rémunération que réalise le cabinet Diorh de façon annuelle, une grande majorité des répondants avoue avoir une grande difficulté à dénicher des cadres quand il s'agit de force de vente, surtout de pôle finance ou d'ingénierie. Pour ce qui est du salaire à l'embauche des jeunes diplômés intégrant l'entreprise, ce salaire est établi en moyenne à 84.500 DH pour les employés dans le 25ème centile, 120.000 DH dans la médiane, 128.000 dans la moyenne et 160.000 DH dans le 75ème centile. Après trois années d'expérience, ce salaire est appelé à évoluer de 15 à 40% selon les diplômes et performances des recrues.