Consultant, ancien conseiller économique du président palestinien Yasser Arafat, Gabriel Banon donne ici son point de vue sur les élections françaises. Une presse, digne de ce nom, doit toujours donner la parole à toute personne qui voudrait s'exprimer et ce dans le respect du pluralisme des opinions et dans l'intérêt bien compris des lecteurs qui ont droit à l'information. Mais cette politique a des limites qui ne doivent pas être dépassées. L'outrance du propos ne doit pas pallier l'absence d'analyse objective, ni relayer l'information fausse ou partisane. Certains hommes politiques et quelques journalistes gauchisants et toujours mieux informés que les autres se sont donnés à cœur joie durant la campagne électorale. Pseudos intellectuels de gauche, à la recherche permanente du politiquement correct, ils écrivent, plus précisément dans la presse marocaine, à propos du second tour de l'élection présidentielle française que M. Jacques Chirac est un miraculé. Ils ne se contentent pas de colporter des accusations qui ont valu la défaite que l'on sait au leader socialiste Lionel Jospin, mais ajoutent des informations pour le moins surprenantes. Si en France certains ont reproché à Chirac et surtout à son parti d'avoir eu des pratiques répréhensibles dans la recherche du financement des campagnes électorales et du fonctionnement du mouvement gaulliste, personne ne lui a reproché, à ce jour, un enrichissement personnel quelconque. Ces pratiques regrettables ont été reprochées à tous les partis. Le parti socialiste de M. Jospin a vu son trésorier de l'époque M. Emmanuelli épinglé par la justice française ou encore le parti communiste pris en la personne de son secrétaire général M. Robert Hue acquitté parce qu'il a su démontrer que le financement de son parti était assuré par la vente du muguet du 1er mai ! La stratégie de dénigrement systématique du premier magistrat de l'Etat, les attaques multiples de l'homme réduit au silence de par les obligations de sa fonction, expliquent en grande partie le rejet de Jospin perçu par le corps électoral comme vindicatif et caractériel. Du vote du second tour, il faut retenir deux choses : • Le peuple français rejette avec force tout extrémisme, particuliérement l'extrême droite, et condamne le racisme et la xénophobie. • Jacques Chirac a reçu pour mission primordiale de défendre les fondements de la République issue de la déclaration solennelle des Droits de l'Homme. Certains, le parti socialiste en tête, veulent faire du résultat de ce second tour une victoire de la gauche sur le Front National et surtout réduire l'élection de Chirac à un plébiscite pour la République. Jacques Chirac, au premier tour a obtenu près de 20% des voix, score comparable à tous les premiers tours des élections présidentielles auxquels il a pris part. Au second tour, si on fait abstraction des voix de gauche mobilisées sur son nom pour la défense de la République, on constatera que Chirac a obtenu près de 53%, somme toute une victoire normale qui donne toute sa légitimité au Président de la République Jacques Chirac. Le score de M. Jean-Marie Le Pen au second tour a remis le diable dans sa boite, mais pour combien de temps. Le Président Chirac et son équipe doivent tirer les enseignements qui s'imposent du premier tour aussi bien que du second. La composition du gouvernement Raffarin promet des réponses adéquates aux préoccupations actuelles des Français, reste à le voir confirmer dans l'action cette prise de conscience de nos gouvernants. Cependant rien ne doit nous faire oublier les enseignements du premier tour et la réalité préoccupante des scores de M. Le Pen, un danger toujours présent pour la démocratie en France, spécialement à l'approche des élections législatives. Si ce second tour de l'élection présidentielle a fait des miraculés, ce sont d'abord tous les émigrés et leurs enfants, qui sous un Président nommé Le Pen, auraient eu à faire leurs valises en passant par des camps de transit. • Gabriel Banon