Les conditions réglementaires accompagnant l'évolution de la microfinance au Maroc doivent être rediscutées. Une recommandation importante qui a été formulée lors d'une table ronde organisée récemment par le Fonds Jaida de la CDG et la SFI et ayant pour thème l'évolution des associations de microcrédits en sociétés de capitaux dans le cadre de la nouvelle loi sur le microcrédit au Maroc. Certes, ce nouveau dispositif juridique introduit d'importantes dispositions, mais beaucoup reste à faire dans ce sens. Du point de vue des opérateurs de la microfinance, le texte juridique reste incomplet et d'innombrables zones d'ombre sont à éclairer. Des révisions devraient être apportées, dans ce sens, pour adapter les dispositifs du texte de loi aux caractéristiques économiques et sociales du secteur et en l'occurrence au potentiel de développement des opérateurs. Le but étant d'avoir un impact social indéniable en termes de lutte contre la précarité économique et sociale. Les opérateurs confirment à cet égard que les modalités du nouveau cadre juridique ne sont pas encore clairement définies. «La loi porte sur l'activité de microcrédit et le statut d'ONG ou d'établissement de crédit ne devrait pas induire des régimes spécifiques ou exclusifs. Les règles devraient être uniformes quel que soit le statut de l'opérateur», relève-t-on des opérateurs qui appellent par ailleurs à une concertation avec les membres du gouvernement pour déterminer les règles d'application de ladite loi ainsi qu'à une meilleure compréhension des dispositifs, et ce dans une optique d'orientation des Institutions de microfinance (IMFs). S'agissant du plafonnement du montant du prêt du microcrédit, les opérateurs soulignent que «le taux pratiqué devrait être en adéquation avec la nature de l'objet financé et les capacités financières des promoteurs». Et de préciser que «le plafonnement devrait tenir compte du programme ou projet à financer plutôt que de son montage de financement». Pour rappel, le Maroc compte à ce jour plus de 800.000 clients actifs dans le monde de la microfinance, soit un encours de près de 4,5 milliards de dirhams. L'histoire de la microfinance au Maroc a, en revanche, connu un tournant important. Après presque 20 ans de son existence, la microfinance s'est dotée en 2012 de sa première stratégie nationale. Une feuille de route ambitieuse qui vient couronner les principales mutations du secteur. La stratégie nationale de la microfinance prévoit, donc, un accompagnement du secteur par l'Etat en vue de servir 3.2 millions de bénéficiaires à l'horizon 2022, avec un encours cible de 25 milliards de dirhams. Compte tenu de ces objectifs, de grands enjeux sont à relever, notamment à travers la mise en place d'une bonne gouvernance et la surveillance réglementaire ainsi que l'inclusion d'un financement responsable et une culture de diversification des produits.