Rattrapée par des pertes abyssales, l'affaire de l'ex-BNDE remonte à la surface. Le plan de sauvetage avalisé par la primature risque d'être remis en cause. Le sauvetage de la BNDE par la CNCA et la CDG avait soulevé beaucoup de questions. Ce plan, qui a reçu l'aval de la primature, se voulait d'abord rédempteur, destiné à sauver la structure sans provoquer des remous dans le secteur bancaire. Sous fond de restructuration, l'opération a été scindée en deux processus. D'une part la gestion du réseau commercial de la BNDE, confiée à la CNCA et le reste, l'administratif, à la CDG. Ce plan fait suite à une longue plongée de la BNDE. Entre 2000 et 2001, les fonds propres du groupe ont chuté de 1,25 milliard de DH à la modeste somme de 63,7 millions. Beaucoup d'encre avait coulé sur la nature de cette chute spectaculaire, expliquée, en partie, par un effort de provisionnement assez important dû à des créances en souffrance ou irrécupérables. Malgré toutes les mesures entreprises depuis, la BNDE a continué son évolution dans des zones marécageuses. Le bilan de 2002 se solde par de nouvelles baisses et immanquablement de nouvelles spéculations. Aujourd'hui le plan de redressement est entamé. Mais la BNDE est sur la phase de redressement. D'aucuns n'ont manqué de se demander si la CNCA, qui sortait d'une opération chirurgicale, un plan de restructuration qui a coûté la bagatelle de 1,450 milliards de DH courant 1999, était à même de supporter le fardeau, même partiel, de la BNDE. En janvier 2004, la marché forcé de la banque d'affaires vers la normale a connu une nouvelle évolution quand le CDVM apposé son visa pour l'augmentation du capital de cette banque. Les détails sont enfin connus. Dans un premier temps, le plan de restructuration concerne l'annulation du capital social de la banque, environ 600 millions de dirhams. Ensuite, une augmentation de capital de 300 millions de dirhams. Le CDVM prend ses précautions vis à vis des investisseurs en déclarant dans son communiqué fait pour la circonstance qu'il ne peut fournir aux investisseurs l'information nécessaire pour des raisons diverses. Sont évoqués, des «dysfonctionnements majeurs ». D'ailleurs pour les exercices 2000 et 2001, les commissaires aux comptes ont évité d'approuver la conformité de certaines données. Idem pour le bilan 2002 qui suivait. Bref, l'absorbption des pertes de la BNDE ne se fera pas en toute quiètude. En avril 2003, la banque d'affaires a été radiée de la Bourse. Mais depuis, les tâches de la future structure adossée à la CDG et au Crédit agricole ont été clairement définies.