Le Crédit agricole et la BNDE viennent de signer un protocole d'accord portant sur la reprise par la CNCA de l'activité de banque commerciale de la BNDE, d'actifs fonciers ainsi que sur le rachat de crédits à moyen ou long terme accordés à la clientèle. Le second volet de la controversée opération de restructuration de la BNDE vient de prendre forme. Six mois après l'élaboration par la primature du plan de sauvetage de la banque sinistrée, le Crédit agricole et la BNDE viennent de signer un protocole d'accord portant sur la reprise par le groupe Crédit agricole de l'activité de banque commerciale de la BNDE, d'actifs fonciers ainsi que sur le rachat de crédits à moyen ou long terme accordés à la clientèle. L'accord porte également sur la reprise du personnel affecté aux agences, les dépôts et les crédits à la clientèle. Le transfert effectif de la gestion des agences à la BMAO sera entamé le 10 septembre prochain et achevé fin novembre 2004. Ainsi les 11 agences bancaires de la BNDE seront intégrées à la BMAO, devenue filiale du Crédit agricole depuis le 22 juillet 2003, et le réseau de la BMAO passera de 24 à 35 agences, offrant tous les services bancaires et sera adossé au réseau du Crédit agricole composé de 345 agences. Les procédures juridiques d'exécution dudit accord seront initiées au courant de ce mois de septembre. Selon le Crédit agricole, « le transfert de l'activité des agences BNDE à la BMAO permet la sauvegarde des emplois, assure la pérennité du fonds de commerce et permet aux clients déposants et entreprises bénéficiaires de crédits d'évoluer au sein d'un ensemble bancaire d'envergure ». Cependant, nombreux sont les analystes qui se demandent si la CNCA, qui sortait d'une opération chirurgicale, un plan de restructuration qui a coûté la bagatelle de 1,450 milliard de DH courant 1999, était à même de supporter le fardeau de la BNDE. L'accord intervient en effet suite à une série d'actions destinées à sauver la BNDE d'une fallite non avouée. Déjà au début de l'année, le CDVM avait apposer son visa pour l'augmentation du capital de cette banque. Cette démarche avait permis l'annulation du capital social de la banque, environ 600 millions de dirhams avant de procéder à une augmentation de capital de 300 millions de dirhams. Mais parallèlement, le CDVM avait bien pris ses précautions vis-à-vis des investisseurs en déclarant dans son communiqué fait pour la circonstance qu'il ne peut fournir aux investisseurs l'information nécessaire pour des raisons diverses. Seuls sont évoqués, des «dysfonctionnements majeurs», sans plus de précisions. Le 6 mars 2003, le Conseil d'administration de la BNDE a confirmé la décision prise par l'Etat et la Caisse de Dépôt et de Gestion, actionnaires majoritaires de cette banque de " l'éclater " en transférant l'activité de réseau de la BNDE à la Caisse Nationale de Crédit Agricole, CNCA, et en adossant le siège de la banque publique à la CDG qui en fera sa banque d'affaires. À cette époque, la BNDE se trouvait en état de faillite et il fallait bien lui élaborer un plan de sauvetage qui ne ruine pas le système bancaire. Techniquement, ses fonds propres sont passés de 1,25 milliard de dirhams en 2000 à seulement 63,7 millions de dirhams en 2001 suite à un déficit de 1,187 milliard de dirhams et à des provisions passées pour pertes sur créances irrécupérables. Au premier semestre 2002, la situation de la BNDE s'est encore aggravée avec une baisse du résultat net de 49 % par rapport au premier semestre 2001, sachant que ce résultat n'est pas consolidé, c'est-à-dire qu'il ne tient pas compte des résultats des autres sociétés-filiales de la BNDE. Mais le dossier de la BNDE allait prendre une autre tournure avec l'interpellation de l'ex-président de la banque dans le cadre d'une grande affaire de détournements et de dilapidation de deniers publics, d'abus de pouvoir et de complicité. En effet, et peu satisfait de la qualité du traitement fait par la primature à ce dossier, le ministère des Finances, et plus précisément l'Inspection générale des Finances (IGF) avait diligenté une enquête qui a été transmise au ministère de la Justice. À son tour, ce dernier l'a adressée à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Le rapport d'inspection a mis à jour les différentes malversations et dilapidations des deniers publics, derrière la faillite, non avouée, de la banque publique. Son ex P-dg, Farid Dellero, est soupçonné d'avoir encouragé ce système de malversations qui favorise, le plus souvent la spéculation foncière. Le rapport IGF a souligné les implications derrière les fausses sociétés immobilières, plus connues sous le label Sociétés civiles immobilières. Avec l'absorption de la BNDE par le Crédit agricole, quel sera le sort réservé à son ex-président, qui croupit toujours derrière les barreaux ? Pourquoi le processus judiciaire se poursuit alors que le travail d'assainissement de la banque est en cours ? La suite du feuilleton judiciaire devra apporter des réponses. Affaire à suivre.