La contagion de la violence s'empare des prisons algériennes. A la veille des élections législatives du 30 mai, est avancée la thèse de la déstabilisation du puissant ministre de la justice, Ahmed Ouyahia. Après celles de la prison de Serkadji à Alger, le 1er mai (23 morts), et de la prison d'El Harrach, toujours à Alger, où un incendie s'est déclaré samedi, faisant 18 blessés, l'alarme a été donnée, lundi en fin de journée à la prison de Constantine en proie aux flammes. Ce nouvel établissement, qui n'a pas encore été officiellement inauguré, accueille 431 détenus. L'incendie qui a duré deux heures a été déclenché suite à une mutinerie de détenus qui ont mis le feu à leur literie, avec le même scénario que dans les prisons de Serkadji et El Harrach. Pour le quotidien «Le Matin» qui cite une source sécuritaire, ce nouvel incident porte sur trois principales revendications des prisonniers, qui dénoncent le recours systématique à la détention préventive, le non-usage de la liberté provisoire et la lenteur dans le traitement judiciaires des dossiers. Au total, sept incidents dramatiques, dont quatre en moins de cinq jours ont été enregistrés dans les prisons algériennes en moins de neuf mois faisant 46 morts parmi les détenus. A chaque fois, des enquêtes sont annoncées par les autorités pour «faire toute la lumière». Le ministre algérien de la Justice, Ahmed Ouyahia, qui s'était déplacé sur les lieux des drames à Alger, s'était interrogé sur une éventuelle contagion de la rébellion dans un milieu carcéral surpeuplé. Dans un communiqué publié samedi, le Conseil de coordination du Front islamique du salut (CCFIS) a dénoncé ces «prisons algériennes où l'on assassine». «Il ne peut s'agir d'accidents, de folies suicidaires, ni de tentatives de mutineries. La réalité est claire, limpide, horrible : les généraux criminels et leur ministre de la Justice assassinent dans les prisons», écrit le FIS; «il s'agit ni plus ni moins que de la liquidation physique d'opposants politiques et de résistants à la dictature». A la veille des élections législatives du 30 mai, est avancée la thèse de la déstabilisation du puissant ministre de la justice, qui est également secrétaire général du rassemblement national démocratique (RND), parti détenteur de la majorité parlementaire sortante.