Le ministre algérien de la Justice a déclaré mercredi que les détenus «mutins avaient des motivations politiques» et que les islamistes étaient à l'origine de ces révoltes de plus en plus fréquentes dans les prisons. Les mutineries se multiplient à grande vitesse dans les établissements pénitentiaires algériens. La dernière en date a éclaté mercredi à la prison de Sidi Bel Abbès (400 km à l'ouest d'Alger), et a fait un mort et 3 blessés. Selon le procureur général de la Cour de Sidi Bel Abbès, les troubles sont survenus le matin, lorsqu'un détenu a mis le feu a son matelas. Les flammes se sont ensuite propagées dans deux salles d'incarcération. Profitant de la panique, quelques détenus, condamnés à de lourdes peines, sont montés sur le toit du pénitencier pour réclamer l'allègement de leurs peines. Le procureur général a ajouté ce jeudi que la situation était depuis maîtrisée et qu'une enquête avait été ouverte. Mardi déjà, un seul détenu du quartier réservé à des personnes condamnées à de lourdes peines avait été blessé lors d'incidents à la maison d'arrêt d'El Bouni, dans la région d'Annaba (500 km à l'est d'Alger), selon le procureur général de la région. Devant ce phénomène, le ministre de la Justice Ahmed Ouyahia a organisé une conférence de presse mercredi après-midi. Lors de cette séance houleuse, il a déclaré que «des condamnés pour faits terroristes, particulièrement en ce qui concerne les prisons d'El Bouni et de Sidi Bel Abbès, étaient en premières lignes dans les troubles et les mutineries qui ont secoué ces derniers jours certains établissements pénitentiaires à travers le pays». Rejetant toute idée de démission («je n'ai pas un caractère de déserteur»), M. Ouyahia a réaffirmé que « le seul prétexte du sureffectif des prisons n'est nullement derrière les incendies qui se sont déclarés jusque-là dans onze pénitenciers». Neuf mutineries ou incendies, dont 6 cette semaine, ont été enregistrés dans les prisons algériennes en moins de neuf mois, faisant 47 morts et 80 blessés. Dans un communiqué publié samedi dernier, le Conseil de coordination du Front islamique du salut (CC-FIS) avait dénoncé ces «prisons algériennes où l'on assassine».