Football. Le combat entre le candidat d'extrême droite aux présidentielles françaises et les Bleus est désormais lancé. Le capitaine français et star du Real Madrid, Zinédine Zidane, ajoute sa voix à celle des «Black-Blanc-Beur», tous contre le racisme. Il était devenu le porte-flambeau de la France multiraciale qui gagne. Maintenant il se lève contre les détracteurs de la tolérance, incarnés par le candidat d'extrême droite aux élections présidentielles françaises, Jean-Marie le Pen. Zinédine Zidane, la star de l'équipe de France de football, a brisé lundi le silence qu'il observait depuis le 1er tour de l'élection présidentielle en appelant à voter au second tour, dimanche, contre « un parti qui ne correspond pas du tout aux valeurs de la France ». Le message est clair, l'allusion ne l'est pas moins : le Front National (FN) de Le Pen, arrivé en deuxième position le 21 avril et seul en lice désormais contre le président sortant Jacques Chirac, pour le scrutin décisif du 5 mai. « C'est sûr que je suis fier d'être Français mais c'est vrai que l'on ne peut pas être content de ce qui se passe. C'est grave quand on voit qu'il y a 30 % d'abstention et qu'à l'arrivée cela fait un deuxième tour entre Chirac et... l'autre », a ajouté le champion du monde et champion d'Europe, né, de père algérien, à Marseille (Sud-Est), un des fiefs du FN. Jean-Marie Le Pen ne pouvait nullement rater une telle occasion pour répondre, dès le lendemain aux déclarations du chouchou des Bleus. Jugeant que Zidane s'est laissé « manipuler », et non sans son ironie habituelle, il s'est même donné la liberté de lui donner des conseils. « Je lui dirais, Zinédine, ne te laisse pas embarquer dans des affaires comme celle-là, tu te fais manipuler par des gens qui se servent de toi». Zidane, a-t-il remarqué avec prudence, «est un citoyen comme les autres, dont la voix n'a pas plus d'importance que celle du moindre mes électeurs ». Continuant sur sa lancée, il a même proposé à son « adversaire » : « Je te cède une partie de mes voix si tu me cèdes une partie de tes émoluments ». Comme si le seul mérite d'un Zidane était sa capacité à glaner de l'argent et comme si, au-delà de son statut de footballeur, il n'avait pas son mot à dire. Son appel au vote massif en faveur d'une France libre ne manquera pas d'influencer plus d'un. Mais Le Pen semble loin de s'en soucier. Lui qui, en juin 1996, avait jugé « artificiel que l'on fasse venir des joueurs de l'étranger en les baptisant équipe de France » et déploré que la plupart d'entre eux « ne chantent pas ou ignorent la Marseillaise». «Il faut dire aux gens qu'ils votent. C'est très important et surtout qu'ils pensent aux conséquences de voter pour un parti qui ne correspond pas du tout aux valeurs de la France », était la réponse de Zidane. Une voix à laquelle se sont ajoutées bien d'autres parmi les Bleus. Son successeur comme capitaine des Bleus, Marcel Desailly, originaire du Ghana, avait rappelé que « la force de l'équipe de France, c'est son côté multiracial ». « C'est aussi celle de la France dans son ensemble », avait-il souligné, en qualifiant le front national de «parti fasciste ». Même réaction pour le Néo-calédonien Christian Karembeu. «Je crois que c'est un devoir pour tout le monde d'aller voter. Ceux qui se sont abstenus, je crois qu'ils ont regretté leur geste », avait-il déclaré. Les « Black-Blanc-beur», c'est plus d'une couleur, une seule voix, et des millions de votes.