Pointées du doigt par les autorités de régulation, les banques d'investissement réfléchissent à des mesures pour rassurer leurs clients échaudés par les derniers grands scandales financiers. Il fallait s'y attendre. Les banques anglo-saxonnes sont sérieusement secouées par une tempête médiatique alimentée par « l'Enrongate » et par les révélations sur les pratiques peu déontologiques de leurs analystes financiers. Ce qui n'est pas d'ailleurs sans conséquence, puisque, outre les risques encourus à la suite des poursuites engagées par les autorités américaines, les établissements en question pourraient êtres confrontés à une vague de méfiance de la part de leurs clients. C'est désormais toute la confiance entre les banques et leurs clients qui est en jeu. Première conséquence de ces franchissements de la Muraille de Chine, supposée séparer les activités de banque d'investissement de celles de la recherche, des poursuites sont engagées à l'encontre de plusieurs courtiers. Signe du sérieux de l'affaire, David H. Komansky, le patron de Merrill Lynch, premier courtier mondial, serait en train de monter en première ligne dans le dossier. Après avoir présenté des excuses publiques à ses clients, actionnaires et employés, le super patron pourrait prendre en main les négociations avec l'Attorney General de New York. Il est évident que l'institution, comme d'autres banques impliquées dans ces affaires, devra débourser quelques millions de dollars. Mais, en dehors de ces contraintes d'ordre financier, c'est toute l'organisation des métiers de la banque d'investissement qui devrait être à revoir. Les acteurs de la place new-yorkaise, tant ceux qui sont montrés du doigt par les autorités que les autres, ne pourront pas faire l'économie d'une sévère réorganisation de leurs activités, ne serait-ce que pour rassurer leurs clients. Des banques s'attellent désormais à remettre la relation client au centre de ses préoccupations. Dans ce registre, Il n'est pas exclu que les activités de recherche actions soient totalement externalisées des banques d'investissement, ce qui en limiterait le coût et empêcherait tout risque de conflits d'intérêts internes. Venue des Etats-Unis, cette vague attendue de changements structurels ne manquera pas de se propager aux banques européennes. En attendant l'émergence de ces mesures, les banques se montrent particulièrement prudentes. Nombre d'entre elles ont reçu pour consigne de ne plus détruire aucun des documents concernant certaines entreprises. Comme quoi, les procédures actuelles, engagées dans le dossier des analystes comme celui d'Enron, n'ont pas fini de faire parler d'elles.