Après avoir obtenu un report d'une journée sur l'arrivée d'une mission de l'ONU au camp de Jénine, en Cisjordanie, Israël faisait traîner sa réponse dimanche à la venue de cette mission. Riyad s'en tient à des forces de la paix dans les territoires palestiniens. Estimant que son pays ne pouvait se satisfaire des éclaircissements de l'ONU sur le mandat de la mission, Ariel Sharon, le Premier ministre israélien, a proposé à son cabinet un délai de 24 heures pour répondre. « Cette mission est épouvantable, mais nous avons les mains propres », a déclaré Sharon, à propos de l'équipe de l'ONU qui attend à Genève un feu vert pour arriver dans la région, en principe dimanche soir. Israël a reçu une lettre de Kofi Anna, le secrétaire général de l'ONU, portant sur le mandat de la mission, une missive qui ne répond pas entièrement à ses demandes selon des experts juridiques consultés par le gouvernement. Les Palestiniens accusent Israël d'avoir commis des massacres dans le camp de Jénine et parlent de centaines morts, ce que nie Israël. Selon des sources gouvernementales, plusieurs ministres d'extrême droite ont estimé que dans la situation actuelle, c'est-à-dire au lendemain d'une attaque palestinienne meurtrière contre une colonie juive proche d'Al-Khalil (Hébron) en Cisjordanie. Pour sa part, Shimon Peres, le ministre des Affaires étrangères, a été très clair en déclarant qu' « Israël ne peut accepter l'exigence de la mission de décider quels militaires elle interrogera ». « Israël n'est pas sur le banc des accusés, mais sur celui des accusateurs et ne doit surtout pas donner l'impression d'avoir quelque chose à cacher », a-t-il souligné. Le chef d'état-major, Shaul Mofaz, s'est opposé, quant, à lui à ce que des militaires soient interrogés par la commission. Par ailleurs, Ariel Sharon a annoncé une proposition américaine de transférer dans une prison palestinienne, sous la garde de geôliers anglais ou américains, les Palestiniens responsables du meurtre, le 17 octobre 2001, du ministre israélien du Tourisme, Rehavam Zeevi. Tel-Aviv exige la reddition des assassins de Zeevi, qui se trouvent dans le QG du président palestinien Yasser Arafat, assiégé depuis un mois par l'armée d'occupation israélienne. Sharon a déclaré à ses ministres que le président américain George Bush l'avait appelé samedi pour lui faire cette proposition destinée à sortir de la situation de blocage à Ramallah. Un tribunal militaire palestinien avait condamné jeudi quatre membres du Front de libération de la Palestine (FPLP), accusés de l'assassinat; à des peines de 18 ans à un an de prison ferme. Tel-Aviv a rejeté ce procès, affirmant qu'il voulait toujours ces quatre hommes plus Fouad Choubaki, accusé d'avoir financé un trafic d'armes pour le compte de l'Autorité palestinienne, pour les juger. Reuven Rivlin, le ministre israélien des Télécommunications, proche de Sharon, a laissé entendre à la radio qu'Israël pourrait accepter la proposition de George Bush en échange d'un appui américain à sa position sur la mission de l'ONU. Par ailleurs, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal a souligné la nécessité de déployer une force de la paix dans les territoires palestiniens pour désengager israéliens et palestiniens, un projet auquel s'est opposé Washington. «Nous pensons que les (récents) événements ont dépassé la capacité des observateurs » prévus par le plan Tenet sur un cessez-le-feu dans le conflit israélo-palestinien, a déclaré le prince Saoud au quotidien «Asharq Al-Awsat». «Nous ne demandons pas des observateurs mais un bouclier qui protège les gens. nous avons proposé une force internationale (...). les observateurs sont généralement en nombre limité et leur rôle est insuffisant dans des zones de combat», a-t-il ajouté. Le déploiement d'une force de paix internationale figure dans un document en huit points présenté par le prince héritier saoudien Abdallah Ben Abdelaziz au président Bush lors de leur rencontre au sommet jeudi, et révélé à la presse par la Maison Blanche.