L'acquisition par TF1 de 34,3 % du capital de « Metro », consolide la presse gratuite, en France, à un moment où le marché publicitaire lui était défavorable. La presse quotidienne payante n'apprécie guère l'opération. La presse gratuite marque un grand coup en France. Deux quotidiens de référence, « Le monde » et « Libération », s'étonnent de la participation de TF1 à Métro, moyennant l'investissement de 12 millions d'euros. Dans son édition du 11 septembre, le quotidien « Libération » est aussi sarcastique qu'amer contre cette opération, qualifiée de « mariage de la carpe et du lapin ». La carpe, c'est « Métro ». 18 mois d'âge, un gros trou de 3,5 millions d'euros au premier trimestre 2003 et un avenir suspendu à la conjoncture publicitaire. Le lapin, c'est TF1, chaîne bien-portante, dont les revenus publicitaires s'élèvent à 835,2 millions d'euros au 1er semestre 2003, contre 817,2 au 1er semestre 2002. Rien que la prévision de croissance annuelle de son chiffre d'affaires publicitaire se situe entre 2 % et 3 %, en dépit d'une conjoncture dite morose. De fait, pour le journal gratuit, l'arrivée de TF1 dans son capital est providentielle. Débarqué en France au moment où la publicité s'effondrait, le quotidien gratuit était depuis plusieurs mois en quête d'un partenaire financier susceptible d'éponger des pertes plus lourdes que prévues. Comme les journaux vivent exclusivement de la pub, tout le monde pensait que les jours de la presse gratuite étaient comptés en France, jusqu'à l'entrée de TF1 dans « Métro ». Le journal « Le Monde » y voit un signe qui ne trompe pas de la durabilité de la présence de la presse gratuite en France. Francis Jaluzot, ex-patron de « 20 Minutes », un autre titre gratuit, la commente ainsi : «C'est une réponse claire et concrète à tous ceux qui doutaient de la viabilité de la presse gratuite». Le quotidien « Libération » en appelle à des experts pour comprendre cette alliance. L'un d'eux estime que « TF1 et Metro ont un peu le même modèle économique. Ce sont tous les deux des médias gratuits et populaires financés exclusivement par la publicité ». En somme, Metro devrait permettre à la régie publicitaire de TF1 d'«élargir son champ d'action» en offrant aux annonceurs l'opportunité de frapper sur deux médias à la fois. « Sans parler de la possibilité de se renvoyer mutuellement l'ascenseur : Metro pourra faire la promotion des émissions de TF1, tandis que la chaîne pourra, dès le 1er janvier 2004, passer des spots de pub à la gloire de Metro ». A cette date, en effet, la presse aura enfin accès à la publicité télévisée, qui lui était jusqu'ici interdite. La presse quotidienne payante, qui avait déjà tiré à boulets rouges sur la presse gratuite lors de son apparition, devrait se faire à l'idée de composer avec elle, et accepter désormais de lui céder une part de son marché publicitaire.