La Casa De España, l'un des cinq sites qui ont été ciblés par les attentats du vendredi 16 mai 2003 à Casablanca, rouvrire ses portes dimanche 16 mai. Interview avec son président, Rafael Bermondez. Aujourd'hui Le Maroc : Une année plus tard, vous rouvrez les portes de Casa De Espagna. Pourquoi pas avant ? Rafael Bermondez : C'était impossible de les rouvrir parce que nous n'avions pas l'argent nécessaire pour la réaménager. Il fallait une somme très importante pour effectuer les travaux qu'il faut pour qu'elle devienne opérationnelle après les attentats du 16 mai. Mais voilà, nous sommes arrivés à notre objectif qui est l'ouverture, une fois encore de la Casa De España. Nous sommes arrivés à notre objectif grâce aux Marocains qui nous ont toujours soutenu. Vous étiez à Casa De España, la nuit du drame? Bien sûr, j'étais présent à l'intérieur de La Casa De España lors des explosions. Certes, j'ai été touché, mais non pas comme d'autres personnes. Je ne sais pas comment, mais c'est grâce à Dieu. Avez-vous oublié ces images horribles de cette nuit du 16 mai ? Non, c'est très difficile à les oublier, mais j'essaie comme les autres victimes. Nous sommes toujours sous le choc de ces actes terroristes. Mais vous êtes toujours à la tête de La Casa De España ? Oui, je suis toujours président de ce club. Car Casa De España est un lieu sacré pour moi. Donc vous avez dépassé ces images qui hanteraient votre esprit ? Non, mais il faut signaler d'abord que la visite de S.M le Roi Mohammed VI à la Casa De España après les évènements tragiques m'a encouragé énormément. Il nous a dit qu'il fallait ouvrir La Casa De España le plutôt possible pour ne pas permettre aux terroristes de croire avoir gagné le pari. C'était un encouragement moral qui m'a incité à batailler pour arriver à sa réouverture. Qu'est-ce que ces évènements tragiques ont changé en vous ? D'abord, je ne fréquente plus, depuis, les boîtes de nuit ou autres lieux publics. Je me contente à rencontrer mes amis dans nos maisons. C'est très difficile de dépasser cet état de choc. Ensuite j'ai changé mon habitude du sommeil. Je ne dors plus que quelques heures après les attentats. C'est pour cela que j'ai commencé à rester jusqu'à une heure tardive afin de dormir au plus deux ou trois heures sans me réveiller jusqu'au matin. Vous n'avez pas pensé retourner en Espagne après les attentats ? Non, jamais. Il faut savoir d'abord que je vis au Maroc depuis 23 ans. Je connais bien le Maroc. C'est mon pays. Ensuite, il faut savoir que je suis un andalous, autrement-dit le sang arabe circule dans mes veines. Et enfin, il ne faut pas oublier que le peuple marocain est très gentil et les actes terroristes ne le privent pas de cette qualité. En plus, les évènements du 16 mai nous ont rendus plus fort et plus solide, qu'auparavant. L'Espagne et le Maroc, ont été tous les deux ciblés par le terrorisme. Qu'en pensez-vous ? Le terrorisme est devenu désormais mondial. Il n'a plus de nationalité. Il a ciblé tout le monde. Il y a partout des personnes ayant des mentalités figées et manipulées, qui pensent autrement, ce sont les ennemis de l'humanité. Il faut les combattre, qu'elles soient marocaines, espagnoles, afghanes ou autres. Quel sera le programme lors de la cérémonie d'ouverture de La Casa De España? Nous avons programmé une pièce théâtrale et, par la suite, il y'aura des chansons et d'autres activités. Les victimes et leurs familles vont visiter ce lieu. Pour la mémoire des victimes, nous avons placé à l'entrée de la Casa De España une plaque commémorative.