Le prochain sommet des chefs d'Etat arabes remplacera celui qui devait se dérouler fin mars à Tunis et il est toujours prévu à la capitale tunisienne les 22 et 23 mai. Un projet a déjà été approuvé par les ministres arabes des AE. «Le sommet arabe se tiendrait à la date convenue, qui reste inchangée. », a affirmé le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de la 4ème réunion de travail des ministres des Affaires étrangères arabes. Au mois de mars, la Tunisie avait brutalement interrompu la préparation du même sommet en invoquant une décision « souveraine » et de profondes divergences entre les participants. Après d'interminables discussions et plusieurs initiatives de bons offices à un rythme marathonien, il semblerait que les dirigeants arabes sont enfin arrivés à balayer certaines mésententes. Selon un projet de résolution approuvé dimanche par les ministres arabes des Affaires étrangères au Caire, le sommet de Tunis demandera au président américain George W. Bush de respecter ses engagements en faveur d'un « Etat palestinien viable». L'opinion arabe a été profondément choquée par le soutien sans réserves, apporté, par le président américain au plan de séparation unilatéral avec les Palestiniens vers la mi-avril et qui a été présenté par Ariel Sharon. En soutenant ce plan, Bush a automatiquement remis en question le droit au retour des réfugiés palestiniens de 1948. C'est trop pour les dirigeants arabes, même pour les plus modérés et pro-Américains d'entre eux. D'un autre côté, le président Bush avait déclaré au quotidien égyptien Al-Ahram publié samedi que la date de 2005, qui avait auparavant été avancée par l'administration américaine pour la création d'un Etat palestinien, n'était plus une date « réaliste». Ce qui revient à dire que le projet sur le conflit israélo-palestinien passe sous silence la date de 2005. En effet, le texte du projet précise que « Les dirigeants arabes demandent au président George W. Bush de respecter les engagements découlant de sa vision de l'édification d'un Etat palestinien viable, aux côtés d'Israël, et de considérer que tout ce qui concerne le statut final (des territoires occupés par Israël) fera l'objet de négociations entre les deux parties». Mais en même temps, le projet se félicite de la lettre de garantie adressée par le président Bush au Roi Abdallah II de Jordanie, dans laquelle il indique que la solution du problème des frontières définitives du futur Etat palestinien futur et celui du retour des réfugiés palestiniens de 1948 devraient faire l'objet de négociations bilatérales israélo-palestiniennes. D'après les déclarations du ministre soudanais des Affaires étrangères Moustafa Ismaïl, l'optimisme serait de mise, lorsqu'il a lancé à la presse « Nous nous dirigeons vers un sommet arabe très réussi, et il y a un quasi-consensus pour le tenir les 22 et 23 mai ». Le projet de résolution comporte également « une condamnation claire et au ton ferme des pratiques visant les détenus irakiens et les humiliations dont ils ont fait l'objet », a déclaré le chef de la diplomatie irakienne Hoshyar Zebari aux journalistes. Les opérations militaires israéliennes dans les territoires palestiniens et arabes, ainsi que les opérations visant les civils sans distinction et celles visant les dirigeants palestiniens, de nature à générer violence et contre-violence, sont également condamnées dans le projet. Quant au fameux projet américain dit « Initiative pour le Grand Moyen-Orient » appelant à des réformes, il ne serait pas discuté par les ministres, rapportent des diplomates arabes. Pour les peuples arabes, pourvu que ce sommet ait lieu, cela s'était tellement compliqué que la seule tenue d'un sommet est devenue un exploit.