Mostapha Badri, directeur d'«Al Mountakhab», analyse l'impact de la publication des notes confidentielles du groupe d'inspection de la FIFA sur le dossier marocain. Entretien avec ce journaliste qui a connu les quatre candidatures marocaines. Aujourd'hui Le Maroc : Al Mountakhab a publié dans son actuelle livraison les notes secrètes de la commission d'inspection réservées aux 24 votants de la FIFA. Quelle est l'origine de ce document ? Mostapha Badri : Il s'agit d'un document secret de trois pages qui résument le rapport d'inspection de la Fédération internationale de football (FIFA). Il contient les notes des cinq inspecteurs de l'instance internationale qui ce sont rendus dans les cinq pays candidats. Des notes supposées demeurer secrètes. Ces mêmes notes ont été remises aux 24 membres du comité exécutif de la FIFA, qui doivent désigner le pays organisateur de la Coupe du Monde 2010. La publication de ces notes est en quelque sorte une réponse du berger à la bergère. La presse sud-africaine a été la première à publier le fameux rapport du groupe d'inspection de la FIFA. Différents journaux ont d'ailleurs exploité cette publication pour essayer de faire croire à une victoire politique de la part de leur comité de candidature. Nous avons donc sorti nos armes à notre tour et avons pu accéder à ce document secret. Ils y ont inscrit toutes leurs remarques et appréciations à la suite de leurs visites africaines. Quel est l'intérêt de ces notes confidentielles ? Certains points figurant sur ces notes ne sont apparus nulle part sur le rapport publié. Et curieusement, toutes ces conclusions omises sont en rapport avec la candidature marocaine. Mieux encore, elles mettent en valeur la capacité de notre pays à organiser un événement aussi grandiose que la Coupe du Monde. Ces conclusions concernent notamment les infrastructures sportives, de télécommunications et sanitaires. Des infrastructures que les notes ont jugées similaires chez les trois pays qui arrivent en tête du pseudo-classement de la fédération internationale. D'ailleurs, le groupe d'inspection a insisté au tout début de son résumé sur son inaptitude à établir un classement des pays candidats à abriter le Mondial 2010. Les différentes failles dans la candidature sud-africaine concernant notamment le budget et l'insécurité, sont clairement évoquées dans les notes confidentielles. Pourquoi existe t-il des différences entre les notes que les inspecteurs ont remises aux 24 votants et le contenu de leur rapport d'inspection publié sur Internet ? C'est justement la question que l'on se pose. Tous les Marocains ont le droit de se poser la même question. Pourquoi avoir caché au monde entier les véritables conclusions du groupe d'inspection ? Je ne peux pas répondre à cette question. Nous avons décidé de les publier pour informer le public marocain, qui a été très déstabilisé par la publication du rapport d'inspection. Nous les publions également pour montrer à tout le monde le rôle que joue la spéculation dans toute cette affaire. Quel impact aura à votre avis la publication de ces notes et celle auparavant du rapport d'inspection sur le dossier marocain, à quelques jours du vote ? Je ne peux pas être formel. Le rapport technique publié la semaine dernière est timide et ses conclusions vagues. D'ailleurs, les différentes déclarations des responsables de la FIFA insistent sur le caractère informatif de ce document. Ce même docuement n'a pas, selon eux, de grande influence sur la décision de vote des 24 membres du comité exécutif. Ces derniers jugent en effet chaque dossier d'après le lobbying des responsables des différentes candidatures. Ce sont les contacts en coulisses qui font pencher les votants en faveur de tel ou tel dossier. Et à ce sujet, il faut saluer le travail remarquable effectué par Saâd Kettani qui a fait de l'avion son lit et des aéroports à travers le monde sa chambre à coucher. A la lumière des deux documents, comment évaluez-vous actuellement les chances de la candidature marocaine ? Je suis très optimiste de nature. J'ai également suivi de très près les quatre candidatures marocaines et je peux dire que cette dernière est incontestablement la meilleure. Le dossier est fiable et très sérieux. Le montage financier proposé est excellent. Même la FIFA l'a reconnu. Il est clair que notre dossier est tellement solide au point qu'il a sérieusement inquiété nos concurrents. Les dernières déclarations de Danny Jordaan, responsable de la candidature sud-africaine, pour qui le Mondial africain n'a de sens qu'en Afrique Noire, en est la preuve. Ce dernier s'est permis de douter de l'africanité des Marocains oubliant le rôle économique, culturel et social de l'Afrique du Nord. C'est là un véritable faux-pas de la part des Sud-africains. La présence de Abdoulaye Wade, le président sénégalais, avec la délégation marocaine à Zurich montre bien la solidité des liens entre notre pays et l'Afrique sub-saharienne.