Qualifiée de honteuse par la diplomatie suédoise, l'offensive israélienne a terminé sa deuxième semaine d'agression comme elle l'avait commencée : dans le sang, l'humiliation et la privation. «Tout au long de la semaine j'ai reçu des informations effrayantes sur les ravages provoqués par l'offensive militaire israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine et à Naplouse » a déclaré vendredi la ministre suédoise des Affaires étrangères, Anna Lindh. « Nous ne connaissons pas encore l'étendue de ces ravages, puisqu'Israël interdit la présence de journalistes. On a parlé de massacres », a-t-elle ajouté dans un communiqué. « Je crains le pire pour cette semaine de la honte ». Autre communiqué ce vendredi, celui de l'armée israélienne annonçant avoir mené une nouvelle incursion, cette fois-ci dans le village de Kufr Kalil, au sud de Naplouse. Les soldats y ont procédé à plusieurs arrestations avant de se retirer. Malgré l'arrivée de Colin Powell, « les activités de Jénine, Naplouse, Ramallah, Beit Lahm, Duna, Daharyeh et celles du sud de Hébron se poursuivent » a également tenu à préciser Tsahal. Après avoir pris le contrôle de Jénine dans des conditions qui soulèvent actuellement de graves questions, l'Etat hébreu n'a par contre pas encore osé s'en prendre à la Basilique de la Nativité de Beit Lahm. Les quelque 200 Palestiniens – dont certains sont armés – et les dizaines de religieux y étaient encore ce vendredi retranchés dans des conditions humanitaires de plus en plus critiques. Confrontés à des tirs sporadiques aux abords du lieu de culte, et à des appels à la reddition quotidiens, les réfugiés redoutaient encore vendredi un assaut. Malgré une série d'incidents cette semaine - un Palestinien tué et deux soldats israéliens blessés lundi, un moine arménien blessé mercredi – l'armée israélienne semblait encore hésiter. «Nous voulons surtout que les terroristes se rendent, et qu'il n'y ait pas de problème, ni pour les prêtres, ni pour les murs», a encore assuré jeudi le colonel Olivier Rafowicz. Du côté de Ghaza, épargnée par l'opération « rempart », un garde-frontière israélien et un ouvrier palestinien, blessés vendredi matin au point de passage d'Erez, à la sortie de la bande de Ghaza, ont par ailleurs succombé à leurs blessures. L'assaillant palestinien avait attaqué à l'arme automatique la gare routière, blessant aussi cinq militaires israéliens et quatre ouvriers palestiniens. Il avait lui-même été tué peu après son geste revendiqué par le Djihad islamique. Dans ce décompte macabre, le corps d'un homme a été retrouvé ce vendredi dans les ruines d'une maison à Naplouse. Les services de secours craignaient d'ailleurs que d'autres personnes soient ensevelies, une dizaine selon le directeur de l'hôpital Rafidiya, Houssam Jawhari, qui a précisé que certaines pourraient encore être en vie. A la fin des combats, mardi dernier, les soldats israéliens avaient dynamité et bombardé plusieurs maisons, que certaines familles – donc des femmes et des enfants - occupaient encore. La veille, une Palestinienne avait par ailleurs succombé à ses blessures, faute de secours, dans la ville de Daharyiah située au Sud d'Hébron (Cisjordanie). Bassam AlKkeffieh, 32 ans, mère de quatre enfants, avait reçu une balle dans la soirée, après avoir bravé le couvre-feu imposé par l'Etat hébreu depuis le 11 avril. Selon son voisin, l'armée israélienne avait refusé qu'une ambulance lui porte secours. Une situation inadmissible qui a fait réagir le porte-parole de la diplomatie française ce même jeudi. François Rivasseau avait alors redemandé qu'Israël autorise « sans délai » l'accès des ONG aux territoires palestiniens. « Les organisations humanitaires internationales (UNRWA, CICR notamment) et non-gouvernementales ont protesté contre les entraves mises à leur action qui les empêchent de venir au secours des populations civiles », avait-il alors ajouté.