Dans les rues de Safi, Ramadan est chaleureusement accueilli. Les habitants de cette région reçoivent avec une immense joie ces jours sacrés de l'année. Bien avant l'arrivée du Ramadan, dès le mois de Chaâbane les préparatifs se déroulent dans une ambiance de fête qui dure approximativement trente jours. Les femmes procèdent par le grand nettoyage de la maison. Elles se rendent au souk pour acheter l'ensemble de leurs besoins en produits alimentaires, dont, principalement les épices aux arômes intenses qu'on trouve à Safi réputée pour son climat sec. Elles tiennent à préparer chez elles des olives de toutes sortes avec «lmsayer» et aussi du miel. Ramadan est l'occasion de diversifier leurs plats ramadanesques et de gâter les membres de la famille par leurs savoir-faire. Les habitants de Safi fréquentent régulièrement trois souks hebdomadaires, les plus réputés : à savoir «Sebt Gzoula» ouvert le samedi, «Tlat Bougedra», le mardi, et «Had Lharara», le dimanche. Les deux premiers souks sont à une vingtaine de kilomètres de la région, alors que Had Lharara est plus proche (une dizaine de kilomètres). Pendant la journée, les petites ruelles de l'ancienne Medina sont calmes. Certains amateurs de pêche se rendent à la mer avec leurs cannes, histoire de se procurer quelques moments de plaisir et apporter du poisson pour le dîner. Sur la table du f'tour, les poissons grillés trônent sur la table. On y trouve le fameux «bouchouk» connu aussi sous le nom du «darii», préparé avec des olives, le «mostelle» cuisiné avec des carottes. A travers toutes les villes du Maroc, harira, chebbakia et batbout sont réputés pour être de savoureuses recettes, mais copieuses. Chez les mesfiwis, la soupe à base de semoule «smida», préparée avec du lait beldi servie dans des soupières d'Alfkhar colorées, le sablé appelé «kâak» et la zemita, mélange d'ingrédients moulus et grillés, sont les spécificités de Abda. Le f'tour est pris en famille. La présence des parents, des enfants et des petits-enfants est primordiale, il s'agit du respect obligatoire dû aux personnes les plus âgées de la famille, des coutumes et aussi de la reconnaissance vis-à-vis des parents. Safi est une région qui détient fortement ses traditions ancestrales. Les femmes à safi tiennent à diversifier durant les trente jours du mois la table ramadanesque. Elles cuisinent abondamment pour faire goûter leurs plats aux voisins et bien servir les invités. Une fois le jeûne rompu, on se dirige vers les mosquées. A l'instar de toutes les villes du Royaume, ce mois lunaire est synonyme de prières et de recueillement dans un climat hautement spirituel. Il n'est pas question de rater les «taraouihs». Les enfants accompagnent leurs parents. Tous fêtent l'avènement de ce mois sacré. Après avoir terminé «Salat Al Ichaâ» et les «taraouihs», la majorité des familles passent ensemble les soirées du Ramadan. C'est une grande occasion qui permet aux fidèles, non seulement de s'approcher de leur créateur, mais aussi de resserrer les liens familiaux et amicaux. D'autres, des jeunes, préfèrent respirer l'air frais et dépaysé du «boulevard Rbat» sans pour autant tarder de peur de manquer les réunions familiales.Durant les dix derniers jours de Ramadan, les femmes préparent les délices de gâteaux, tissent des djellabas, mettent du henné sur les mains pour exprimer leur joie. On achète de nouveaux habits pour les enfants. Safi représente un noyau de coutumes ancestrales que ses habitants veillent à transmettre de génération en génération.