En riposte aux agressions israéliennes dans les villes palestiniennes de Cisjordanie, en particulier à Jénine, un attentat-suicide a été perpétré mercredi matin à Haïfa, dans le Nord d'Israël. Mercredi, avant que l'armée israélienne ne déclare avoir pris le contrôle du camp, des combats particulièrement violents se sont encore poursuivis à Jénine. Depuis le 6 avril dernier, l'armée sioniste n'a cessé d'y multiplier les agressions pour tenter de briser la résistance palestinienne. Et mercredi, dès l'aube, les soldats ont à nouveau tiré à l'aide d'obus de mortier et détruit les maisons à coups de bulldozers. Ils ont aussi expulsé 800 femmes et enfants du camp pour mieux affronter les Palestiniens armés. Une responsable de l'UNICEF a précisé que ces expulsés ont été laissés sans protection ni nourriture. Cet acharnement meurtrier aurait déjà fait une centaine de victimes. L'armée a d'ailleurs annoncé avoir tué Mahmoud Tawalbeh, un dirigeant du Djihad islamique, âgé de 23 ans et soupçonné d'avoir organisé plusieurs attentat-suicides en Israël. Ce bilan pourrait cependant être beaucoup plus lourd, la direction palestinienne ayant accusé l'armée de l'Etat hébreu de creuser des charniers. «Les bulldozers creusent en ce moment même des charniers dans le camp de Jénine pour y enterrer les martyrs et dissimuler les massacres », indiquait un communiqué publié mercredi par l'agence Wafa. « Les chars, les avions et les bulldozers israéliens démolissent les habitations, dans lesquelles se trouvent leurs occupants, ainsi que les mosquées, les centres médicaux et les institutions civiles ». Durant cette même matinée, les soldats israéliens ont continué d'assiéger l'église de Beit Lahm, où sont retranchés 200 Palestiniens et des dizaines de religieux. Un prêtre arménien, le père Mahir Arman, a même été grièvement blessé par une balle dont l'origine reste indéterminée. Les Israéliens ont aussi lancé une nouvelle attaque contre un camp de réfugiés de Naplouse. Leurs chars et hélicoptères ont bombardé Al-Aïn, endommageant plusieurs maisons. Des témoins ont affirmé avoir vu des centaines de Palestiniens assis sur le sol devant la mosquée du camp. Dans le centre de Naplouse, qui a essuyé de violents combats jusqu'à mardi, les secouristes ont quant à eux retiré des décombres les corps de 14 Palestiniens, portant le nombre de victimes dans la ville à 60 depuis le début du siège. Ce regain de violences - cet acharnement de la part du gouvernement Sharon à poursuivre ce qu'il appelle « l'opération rempart » - s'est aussi étendu à de nouvelles localités palestiniennes, dont le village d'Al-Samouh, situé au sud d'Al Khalil, en Cisjordanie. Des chars et blindés y sont entrés mercredi matin, suivis d'échanges de tirs. Au même moment, un attentat suicide était perpétré dans un autobus près de Haïfa, au Nord d'Israël. Attaque qui a fait neuf morts – dont le kamikaze - et 20 blessés, dont trois dans un état grave. Les brigades Ezzedine Al-Qassam – branche armée du Hamas – l'ont aussitôt revendiqué dans un appel à la télévision qatariote Al-Jazeera, et le secrétaire général du gouvernement palestinien, Ahmad Abdelrahmane, en a pour sa part rejeté la responsabilité sur Ariel Sharon. Cet attentat est une « riposte naturelle à ce qui s'est passé dans les camps de réfugiés et à la sale guerre et d'agression de Sharon », a-t-il déclaré, ajoutant que le premier ministre israélien « porte la responsabilité de cette opération. C'est lui qui a déclenché la sale agression pour détruire le peuple palestinien et son autorité nationale ». «C'est lui qui a envoyé 2.000 chars détruire nos camps de réfugiés, villes et institutions et maintenant nous avons plus de 300 martyrs à Jénine. Pourquoi Sharon ne se demande-t-il pas s'il est responsable de cette opération ? », a poursuivi le secrétaire général du gouvernement palestinien, alors qu'Israël a aussitôt accusé Yasser Arafat de « porter la responsabilité» de cette attaque.