Depuis le début des vagues d'immigration clandestine, le Maroc était l'une des principales issues de l'Afrique aux frontières de l'Europe, par lequel transitent chaque année des milliers d'immigrés clandestins défiant tous les risques pour atteindre l'eldorado européen. Au nord comme au sud du Royaume, des milliers de Subsahariens tentent de rejoindre l'Europe au prix d'un voyage insensé que beaucoup paient de leur vie. Les côtes marocaines proches de l'Europe semblent leur ouvrir l'appétit pour réaliser leur rêve. Les habitants des provinces gardent toujours en leurs mémoires des images terribles des victimes de ce phénomène jetées par dizaines sur les côtes marocaines. Par le passé, le Sahara marocain proche des îles espagnoles occupait une place de choix pour ces immigrants vu leur proximité avec les îles Canaries. Par exemple, l'embarquement de Laâyoune vers ces îles ne dure que 10 heures, ce qui justifie l'assaut des clandestins que connaissait cette région, notamment durant la période 2002-2006. Après cette date, toute une batterie de mesures a été mise en place pour contrecarrer ce flux, ce qui leur a obligé à changer de points de départ. Ainsi, la capitale économique mauritanienne est devenue depuis quelques mois une ville de départ convoitée pour les candidats subsahariens à l'exil en Europe. «Durant cette période, le volume des clandestins interceptés par les forces de sécurité espagnoles et marocaines s'est vachement évolué. Rares sont les jours où ces forces n'arraisonnent pas une, deux, trois embarcations, où s'agglutinent par dizaines ces pauvres clandestins, qui s'entassent parfois à 20 sur une minuscule barque de pêcheur, la «patera», ou un simple zodiac pour tenter l'aventure dans un voyage de tous les dangers. Le prix de la traversée est de 5000 DH. Durant cette période, la vague d'immigration clandestine vers les côtes espagnoles a été à son apogée, la lutte contre l'immigration clandestine est devenue une priorité absolue pour toutes les parties», explique à ALM un connaisseur de ce dossier basé à Laâyoune. Et d'ajouter qu'après les événements survenus à Sebta, en 2005, où des immigrants africains sont morts lors d'une tentative d'infiltration massive de clandestins dans cette ville, qui ont été vigoureusement repoussés par la garde civile et dissuadés par le renforcement des contrôles hispano-marocains dans le détroit de Gibraltar, leur choix s'est porté sur le Sahara marocain. Pour y arriver, ces immigrants parcourent plusieurs pays. Ainsi, ils passent par le Mali et l'Algérie notamment la ville de Tamanrasset, avant de mettre les pieds sur le Maroc, plus exactement la ville d'Oujda. Par la suite, des réseaux locaux s'en chargent pour les amener vers Casablanca afin de les orienter vers Laâyoune à partir d'Agadir. Les immigrés qui faisaient partie de ces voyages à haut risque venaient souvent du Mali, de Guinée-Bissau, de Gambie, de Côte d'Ivoire, du Cameroun et du Nigeria. «A partir de 2007, de nouvelles mesures ont été prises, d'importants moyens techniques et humains ont été mis en oeuvre pour lutter contre ce fléau. Aujourd'hui, dans les provinces du sud du Royaume notamment de la ville de Tan Tan à Boujdour un élément des forces auxiliaires est stationné à chaque kilomètre et veille sur la lutte contre ce phénomène. Cette stratégie a donné ses fruits sur le champ, ces immigrants ont vite changé de stratégie pour aller chercher d'autres cieux afin d'atteindre leur but», explique notre interlocuteur. Après avoir été un élément ordinaire pour les habitants de Laâyoune dispersés dans les marchés et les rues de la ville, ces immigrants ont presque disparu de vue, hormis quelques Sénégalais qui s'adonnent au commerce. Idem pour le centre qu'abrite cette ville pour les accueillir et qui est devenu presque vide. A 600 km au sud de Laâyoune, et plus précisément dans la ville de Dakhla, certains de ces immigrants ont préféré s'y installer et faire du commerce. La ville abrite aujourd'hui des quartiers pour ces immigrants qui se sont très bien intégrés dans le tissu social local, certains d'entre-eux ont même renoncé à leur rêve et gagnent leur vie dans cette ville. «Les efforts déployés par le Royaume en ce qui concerne la lutte contre les flux migratoires clandestins se sont soldés par une baisse importante des tentatives de pénétration vers les Canaries à partir des villes du Sud. Aujourd'hui, ces candidats à l'immigration clandestine choisissent d'autres points de départ pour arriver à leur destination finale», confie à ALM Abdellah Lhairach, président de l'Observatoire de l'immigration basé à Laâyoune. Et d'ajouter que les autorités marocaines tentent de lutter contre le phénomène de l'immigration clandestine malgré la faiblesse de moyens. Selon lui, de nombreuses associations ont été créées dans les provinces du Sud pour venir en aide à ces immigrants et leur assurer la nourriture, ainsi que les médicaments