ALM : Comment est née votre passion pour la mode ? Fadila El Gadi : Le déclic a eu lieu quand j'avais 10 ans. A cette époque, j'allais souvent pendant les vacances scolaires dans les ateliers de broderie à Salé. C'était dans les habitudes de l'époque que les mamans envoient leurs filles apprendre toutes sortes de broderie : r'bati, zemmouri, fassi… Je pense que ma passion pour la couture et la création est née lors de ces années là. En 1990, sans aucune hésitation, je me suis inscrite dans une école de stylisme à Rabat. C'était un choix tout naturel. Juste après l'obtention de mon diplôme, j'ai installé un petit atelier chez moi. C'était dans le but de commencer très vite à créer. Mes premières collections ont vu le jour dans cet atelier. Mais je n'étais pas très assidue, essentiellement pour des raisons familiales. Ces collections, je les vendais en Italie. Les choses ont évolué petit à petit, à force d'exigence et de travail acharné. Comment réconciliez-vous entre votre vie privée et votre vie professionnelle ? Je ne mets pas de barrières strictes entre mes différents espaces de vie. Ma fille Narjisse m'est parfois source d'inspiration, comme peut l'être une promenade dans un marché. Je pense aussi à ma famille dans ce que je fais, c'est pour eux et c'est pour moi que je travaille. Quel est le secret de votre réussite dans le monde de la mode? Je ne me prends pas au sérieux, d'une part et je vois la mode comme un art majeur, d'autre part. Mais aussi j'écoute mes clientes et j'essaie de sentir leurs aspirations et mon inspiration. Que représente pour vous la ville de Salé ? C'est là que tout a commencé pour moi, c'est là où je vis, où je crée, c'est là où je réfléchis, même si ma passion m'entraîne dans le monde entier. Avez-vous d'autres talents cachés ? Je ne sais pas si j'ai d'autres talents cachés, il faudrait demander à mon entourage. Comment passez-vous votre temps libre ? Je ne connais pas de temps libre. Que conseillez-vous aux jeunes qui veulent faire carrière dans le domaine de la mode ? Je conseille ces jeunes de suivre leur inspiration, de travailler beaucoup et de penser aux mille et un détails qui font une œuvre réussie, sans se décourager, de savoir saisir les opportunités qui se présentent et de garder en tête là où ils veulent aller. Comment pouvez-vous décrire votre personnalité ? Je sens que chacun de mes traits de personnalité est double : je suis posée mais je peux obéir à une impulsion créatrice. Je suis calme mais je ne me laisse pas faire. Je suis exigeante mais je n'aime pas l'injustice. Vous êtes une femme de style, quel est votre style préféré ? Je préfère qu'on dise de moi que j'ai du style plutôt qu'un style. Je peux adopter un look minimaliste qu'un look flomboyant, le juste milieu ne m'intéresse pas. Quel est le secret de votre charme ? C'est peut-être de me prendre pour ce que je suis. Qu'est-ce qui vous inspire ? Je puise mon inspiration dans mes souvenirs, je me nourris des images du passé qui me reviennent, de ma mère et de son élégance. Aussi de mes voyages, je m'inspire beaucoup des cultures du monde, tant d'une broderie du XVIIIe siècle française ou turque que d'un détail ethnique balinais. Quelles sont vos ambitions ? Mon ambition est de continuer à créer et mener une vie harmonieuse à tous les plans. Quels sont vos projets d'avenir? Finir d'aménager ma maison, accompagner ma fille dans sa vie et sur un plan plus professionnel finaliser ma collection que je vais présenter le 12 mai pendant la FashionWeek à Casablanca, étendre mes points de contact avec la clientèle à Paris, à Rabat ou à Casablanca.