Contre la nature et contre la raison, un père abuse sexuellement de sa fille. Rachida, 18 ans, a vécu cette épreuve destructive et aliénante. Une histoire qui dépasse l'inconcevable et qui va briser la vie d'une fille innocente. Rachida, avec sa djellaba verte et ses chaussures noires, s'assoit sur une chaise au bureau de l'officier. Sa belle-mère occupe une autre près d'elle. Il n'y a personne au bureau sauf elles. Elles ne savent pas pourquoi l'officier les a laissées seules à son bureau ni où il est à ce moment-là. Rachida n'arrive pas à retenir ses larmes. «Ne pleure pas ma fille, retient tes larmes…Je te soutiendrai Inchallah jusqu'au bout…», lui dit sa belle-mère pour la consoler un peu. «Je ne peux supporter ce qui m'est arrivé, ma tante…Que vais-je dire à la personne qui veut m'épouser?…C'est ma fin…Il a détruit toute ma vie…». L'officier qui entre à ce moment au bureau tente de l'apaiser, avant de s'installer derrière sa machine à écrire pour consigner ses déclarations. Rachida commence à raconter son histoire d'une voix gémissante. «…C'est mon père M.l'officier…C'est mon père…». Le père en question s'appelle Ahmed, âgé de quarante ans. Elle ne l'avait pas vu depuis deux ans. Il a répudié sa mère dix ans auparavant, lorsque Rachida était à son huitième printemps. Ahmed ne s'intéresse ni à elle ni à ces trois frères et sœurs. Et pourtant la mère répudiée ne ménageait aucun effort pour inciter, Rachida et ses frères et sœurs, de rendre visite à leur père. «Il ne faut jamais oublier votre père…Bien qu'il m'ait répudiée et nous ait laissés, vous et moi, à notre propre sort…» leur répétait-elle toujours. Rachida lui rendait visite de temps en temps, bien qu'il soit remarié. Quant à sa mère, elle n'a jamais pensé refaire sa vie. Elle se contentait de la chaleur de ses enfants et faisait son possible pour les aider à mener une vie digne. Si Rachida a été embauchée dans une société quartier Aïn Sebaâ, loin de son douar à Had Soualem, l'un de ses frères est devenu enseignant alors que les deux autres poursuivent encore leurs études. Rachida était au centre ville de Casablanca lorsque la chance a daigné lui sourire. Elle se rappelle en détail les circonstances qui lui ont permis de connaître un ressortissant Libyen dans un café. Il lui a proposé le mariage. Elle était folle de joie, elle avait senti qu'enfin toutes les portes du bonheur lui ont été ouvertes. Son rêve a toujours été d'aider sa mère, de ne plus la laisser travailler, de se charger des dépenses de ses deux frères qui poursuivent encore leurs études. La belle vie qui vient d'elle même se jeter à ses pieds. Sa mère lui suggère d'aviser son père. «Tu penses encore à lui ma mère ?» lance Rachida. «Mais il est ton père et il le sera toujours…Et selon la loi et les traditions, il doit être au courant de ton mariage…». Résignée, Rachida a décidé de lui rendre visite le week-end. Cela fait deux ans déjà qu'elle ne l'a pas vu ainsi que sa belle-mère qui la traitait comme sa propre fille lorsqu'elle leur rendait visite. C'était un samedi soir. Rachida comptait passer la nuit du samedi et le matin du dimanche avec son père et sa belle-mère. Arrivée à destination Rachida trouve son père qui l'embrasse et lui apprend l'absence de sa femme. Cette dernière passera la nuit chez ses parents. Rachida s'assoit, commence à parler avec son père. Celui-ci lui a demandé de l'attendre et sort de la chambre. En revenant, il verrouille la porte. Rachida n'a rien compris, tourne ses yeux à gauche et à droite, scrute son père. Elle se retrouve tout à coup renfermée dans la chambre où Ahmed met en marche un magnétoscope et allume la télévision qui commence à diffuser des scènes obscènes. Choquée, Rachida reste bouche-bée devant ce qu'elle voit; «Mais père qu'est ce que tu fais ?» lui demande-t-elle avec étonnement. «On va faire l'amour comme le font ces gens qu'on voit sur la cassette» lui répond-t-il. Elle a crié : «Non père c'est haram… tu es devenu fou ou quoi?». Il saisit un tuyaux en plastique, et commença à la fouetter ne faisant même pas attention à ses cris de peur, de douleur et d'indignation. Il se dévêtit et lui demande de se déshabiller sous une pluie de coups de tuyaux lui traçant le corps. Sans vergogne, il a abusé d'elle dans toutes les positions possibles, se gardant de ne pas la dépuceler. C'est sans doute la nuit la plus affreuse qu'a passée Rachida dans sa vie. Le lendemain sa belle-mère rentre chez elle et la trouve dans en piteux état. Surprise, la belle mère demande des explications à Rachida qui lui raconte l'histoire. Le père criminel fait preuve d'un sang froid hors de l'ordinaire et nie tout. «C'est une menteuse…C'est un coup monté entre elle et sa mère qui est toujours rancunière envers moi, depuis le jour de sa répudiation…»; C'est la phrase qu'il va répéter devant le parquet, le juge d'instruction et devant la Chambre Criminelle auprès la Cour d'Appel de Casablanca. Mais personne ne l'a cru et la justice l'a reconnu coupable et l'a condamné à dix ans de réclusion criminelle. Un jugement qui n'a pas réparé les blessures de Rachida et ne lui a pas permis de se marier, car de bouche à oreille son histoire s'est vite propagée parmi les voisins. Le mirage d'une vie meilleure allait se dissiper très vite, laissant la pauvre Rachida livrée à un destin aussi cruel qu'inéluctable.