La réputation des agents de joueurs marocains de football est de temps à autre sujet au doute. ALM a contacté les agents les plus expérimentés et dans le métier depuis plus d'une quinzaine d'années pour nous éclairer sur leur profession et ce qu'ils pensent des questions qui se posent sur leur influence dans le football national. Rachid Tajmout, agent de joueurs, licencié il y a quinze ans auprès de la Fédération royale marocaine de football, licence n°001, a indiqué que «ce métier d'agent de joueurs a pris beaucoup d'engouement au pays. Malheureusement, beaucoup d'agents travaillent sans licence et ne maîtrisent pas le métier et sont malheureusement sans scrupules, ce qui donne parfois lieu à des dérapages comme le fait que des joueurs s'en vont vers d'autres cieux sans autorisation des clubs respectifs avec lesquels ils sont liés par contrat». Et de poursuivre que «ce métier existe depuis plus de 40 ans en Europe. À l'époque, pour être reconnu par la FIFA, il fallait déposer une somme de 125.000 euros comme garantie pour le compte de la FIFA avec une autorisation auprès de sa fédération». «Le nombre d'agents a multiplié par 1000 dans le monde entier. Au Maroc, nous sommes à une vingtaine d'agents de joueurs reconnus par la FIFA et par la FRMF», a t-il-dévoilé. Rappelons qu'un agent est censé servir au mieux l'intérêt des joueurs qu'il a sous contrat et les conseiller afin qu'ils mènent à bien leur carrière sportive. En effet, ces hommes ont un véritable travail de détection et d'accompagnement du joueur. Le rôle de l'agent, c'est de trouver la meilleure offre non seulement financière mais aussi sportive pour son protégé. Aujourd'hui, plusieurs jeunes étudient le règlement pour devenir agent de joueurs un jour. Mais, il y a au moins une cinquantaine d'autres éparpillés entre le Maroc, l'Europe et les pays du Golfe qui travaillent sans licence et souvent sement la pagaille dans ce métier. Pour sa part, Mustapha El Haddaoui, ancien footballeur et entraîneur de l'équipe nationale de Bech Soccer, a indiqué qu'«un agent de joueurs a un rôle très important dans la carrière du joueur en bien ou en mal. Il est capital pour chaque joueur de choisir et travailler avec la bonne personne et le bon gestionnaire qui le manage pendant et après sa carrière». L'opinion publique fait la confusion entre les agents licenciés qui ont passé leur concours, qui ont souscrit une assurance, et font un travail au quotidien et les «samsaras». Ces derniers opèrent dans l'ombre, sans aucune garantie, ni conscience. Ces agents contribuent à perpétrer les mauvaises pratiques dans les transferts. Alors que les premiers sont soumis avec leurs protégés à la juridiction de la FIFA. «Le joueur doit trouver un agent accrédité par sa fédération locale et la FIFA pour qu'il soit protégé au cas où ce dernier l'arnaque. Ces choses arrivent souvent, il y a plein de joueurs qui sont victimes de quelques agents qui ne pensent pas aux intérêts des joueurs. Et quand ces joueurs se retrouvent dans des situations de difficultés, ces agents-là disparaissent», a dévoilé M. El Haddaoui. «Je n'ai jamais rencontré un problème avec un agent. Tous ont été honnêtes et sérieux dans leur travail et dans leurs affaires pour les transferts des joueurs au sein de mon club. Parfois on peut constater des erreurs, mais on les tolère», a déclaré, Abdelilah Akram, président du club du Wydad. «Il faut savoir que pour être agent licencié et être autorisé à intervenir dans le transfert d'un joueur, il faut passer un concours avec un taux de réussite très bas et fournir une assurance-responsabilité professionnelle qui couvre au minimum 1 million de dirhams», a fait savoir une source anonyme. Pour sa part, un autre agent qui ne veut pas dévoiler son nom a confirmé qu'«aucun de mes collègues agents licenciés n'a intérêt à accepter le noir dans les transactions, pour la simple raison que s'il veut garantir le paiement de sa commission, il doit veiller à mettre son nom dans le contrat, comme le stipule la loi». Karim Balk président de l'Union marocaine des agents de joueurs de football (UMAJF), n'a pas raté l'occasion pour exprimer son avis autour ce sujet. «Il faut pénaliser, comme en France, l'exercice de la profession d'agent sportif sans licence, tout comme il faut imposer aux agents étrangers qui veulent travailler au Maroc l'obligation de passer par un agent marocain. La fédération a compris la problématique et œuvre dans ce sens». En tout cas, il n'y a pas assez de mutations et les sommes de transferts ne sont pas encore assez importantes pour qu'il y ait énormément d'agents sur le marché marocain. Rachid Tajmout revient pour orienter les jeunes débutant dans ce métier. «Si j'ai un conseil à donner aux jeunes agents, ce serez: ne vous précipitez pas et ne soyez pas aveuglés par l'appât du gain au détriment de l'éthique, car malheureusement c'est ce que j'ai pu constater avec le peu d'agents que j'ai rencontré». Par ailleurs, M Tajmout reste optimiste par rapport aux compétences de ces professionnels. «Ne soyez pas étonné qu'un jour, un ex-agent marocain dirige un club marocain…voire européen», a-t-il conclu.