Abdelmoula est au début de son parcours criminel. Ce père de quatre enfants, âgé de quarante-trois ans, qui s'est remarié à trois reprises, a avoué aux enquêteurs avoir commis son premier crime en décembre 2002. Il était chez lui quand un ami l'a rejoint en compagnie d'une jeune fille, la trentaine. Tous les deux ont couché ensemble. Son ami est parti quand, tout d'un coup, un autre ami l'a rejoint et a obligé la jeune fille à partager avec lui le même lit. Quand celui-ci est parti, la jeune fille s'est énervée au point qu'elle a traité Abdelmoula de proxénète. Un mot qui a rendu Abdelmoula hors de lui et lui a répondu sur un ton sec : «Tu vas voir si je suis un homme ou pas». Elle s'est moquée de lui. Et il l'a surprise par plusieurs coups de tournevis. Quand elle a rendu l'âme, il a violé son cadavre. Après, il a découpé minutieusement le cadavre en deux parties après avoir coupé également la tête. Il a tout mis dans des sacs en plastique qu'il a dissimulés dans la terrasse. Certes, les voisins ont senti une odeur nauséabonde. Mais, ils croyaient qu'il s'agissait de l'odeur des têtes de mouton déposés par un boucher qui occupe une chambre au même domicile. Après, il a tout emmené pour enterrer la tête dans un terrain vague et jeter les deux parties du cadavre au dépotoir. Son deuxième crime a été commis deux ans et demi plus tard. Sur la même terrasse, il occupait une chambre située en face de celle d'une jeune fille, âgée de vingt-deux ans, qui venait, il y a un mois et demi, de la ville de Sidi Slimane. Abdelmoula a remarqué qu'elle accueillait chez elle des prostituées. Il lui a demandé de ne plus les accueillir chez elle. Mais en vain. Depuis, ils échangeaient des insultes. Quand il l'a traitée de prostituée, elle lui a répondu : «Je suis une prostituée qui reçoit de l'argent, alors que ta maîtresse est une prostituée qui livre gratuitement son corps». Depuis, il a décidé de se venger d'elle. Le jour «J», il est resté chez lui après avoir demandé à sa maîtresse d'aller rendre visite à ses parents. Il est resté à guetter sa voisine. Quand celle-ci a pris une douche, elle est sortie de sa chambre presque nue. Aussitôt, il l'a fouettée avec un câble électrique. Elle est tombée par terre. Abdelmoula a lardé son corps de coups de tournevis jusqu'à ce qu'elle a rendu son âme. À ce moment, il a abusé de son cadavre, l'a découpé en morceaux, en a jeté une partie et en a enterré l'autre. Nous sommes le vendredi 3 juin. Les enquêteurs conduisent Abdelmoula, à sa chambre à Derb Nejma pour reconstituer son dernier crime. Tous les habitants s'extasient, s'écrient, réclament justice. Heureusement, plus d'une quarantaine de policiers ont été mobilisés pour veiller à sa sécurité. Sinon, ils l'auraient tué et déchiqueté son corps en morceaux. Retour au commissariat de police. Ce quadragénaire, qui a passé dix-huit mois au service militaire, qui a immigré à deux reprises vers la Libye, qui n'a jamais fait confiance à ses ex-femmes, affirme aux enquêteurs : « Je ne regretterai jamais d'avoir tué ces deux femmes et d'avoir découpé leurs corps. Parce que je vengeais mon honneur. Mais je regrette de ne pas avoir tué la troisième, Aïcha». Quelques mois plus tard, Abdelmoula comparaît devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Il avoue ses crimes. La Cour le condamne à la peine de mort. Et Abdelmoula rejoint d'autres tueurs en série au couloir de la mort à la prison centrale de Kénitra.