Abdelhak et son épouse, Fatima, passent leur première nuit, sur le même lit, chez eux au quartier Aghrod. Ils étaient pleins de joie, gais et rêvent que toute leur vie soit une nuit de noces. En fait, il a trouvé en Fatima la femme avec laquelle il partagera sa vie. Elle a aussi découvert en lui le brave homme, le généreux au grand cœur, le courageux et l'indulgent. Deux mois plus tard, Fatima est tombée enceinte de deux jumeaux. Malheureusement, ils rendent l'âme le jour de leur naissance. La tristesse leur a rongé le cœur, mais elle n'a pas enterré leur espoir d'avoir d'autres enfants. Novembre 2005. Fatima est, une fois encore, tombée enceinte. Cette fois, elle a proposé à son époux d'aller passer les neuf mois de grossesse chez ses parents à Rabat. Au moins, ils vont prendre soin d'elle jusqu'à son accouchement. Abdelhak ne quittait Agadir que pour lui rendre visite. À l'occasion du Nouvel An 2006 et de la fête de l'Aïd Al Adha, qui a eu lieu le 20 janvier 2006, il a passé avec elle et sa belle-famille quelques jours. – «Nous avons eu plusieurs indices qui te mettent en cause. Dis la vérité ? », lui demande le chef de la brigade. – «Il n'y a qu'une seule vérité c'est que j'ai tué Meriem et Rajae», lâche-t-il de sang-froid. Le chef de la brigade s'approche de lui, ses limiers l'entourent, poussent un ouf de soulagement. Enfin, Abdelhak avoue. Le chef de la brigade lance la bonne nouvelle au préfet de police de la région, le commissaire Abdellah Mountassir. Rapidement, celui-ci sort de son bureau, rejoint les enquêteurs et félicite ses éléments. – «Après avoir purgé ma peine de sept ans, j'ai décidé de ne plus coucher avec les filles de joie pour ne plus commettre le même crime. C'est pourquoi je me suis marié avec ma cousine», raconte-t-il. Les questions des policiers commencent à pleuvoir. Et Al Gabbas répond sans hésitation comme s'il cherche à se libérer d'un fardeau lourd à porter. «Fatima, ma première victime, n'est pas morte suite à ma gifle. Mais, je l'ai étranglée avec son foulard lorsque j'ai eu mon orgasme», avoue-t-il. Fatima ne savait pas pourquoi il l'a sollicitée de porter son foulard quand ils couchaient ensemble. «Depuis mon mariage, je n'ai jamais recouru aux prostituées…Lorsque ma femme s'est rendue, en novembre 2005, chez sa famille à Rabat, j'avais envie de coucher avec une femme. J'ai croisé, en décembre 2005, Meriem au quartier des Abattoirs», ajoute-t-il. Il l'a conduite chez lui. Quand elle s'est dénudée, il lui a demandé de garder son foulard sur la tête. Des embrassades fougueuses, des gémissements mutuels… et les grincements du lit. L'action s'accélérait. Et lorsqu'il a jouit il a serré fortement le foulard autour de son cou. Il ne l'a relâchée qu'une fois morte. «Je me suis débarrassé de son corps en le jetant au quartier Tilila. Après quoi, j'ai voyagé à Rabat pour passer le Nouvel An et la fête de l'Aïd Al Adha avec ma femme», précise-t-il aux enquêteurs. De retour à Agadir, il a pensé chercher une prostituée. C'était Rajae. «C'était au quartier Talborjt, près de la gare routière que je l'ai rencontrée. Je n'avais jamais l'intention de tuer quiconque. Mais je ne sais pas ce qu'il m'arrive au moment de mon orgasme. J'éprouve du plaisir à faire cela». Chez lui, il partage le même lit avec Rajae et l'étrangle avec son foulard. «C'était la première fois que j'ai découpé une prostituée en morceaux», confesse-t-il. Lundi 13 février 2006, dans l'après-midi, Abdelhak Toumi, alias Al Gabbas, reconstitue ses deux crimes. Une année plus tard, en février 2007, Abdelhak se tient au box des accusés à la chambre criminelle près la Cour d'appel d'Agadir. À haute voix, il ne se disculpe pas : «M. le juge ne soit pas clément envers moi. Je réclame mon exécution, je ne veux plus rester en vie». Al Gabbas veut en finir une bonne fois pour toutes. Mais, la Cour décide de le garder en vie avec les images des trois prostituées qui lui hantent quotidiennement son esprit. Et elle le condamne à la perpétuité. (Demain Ninja, le tueur nocturne)