Les organisateurs du Festival des musiques sacrées du monde de Fès ont présenté le programme de cette année, mardi dernier, à Casablanca. Ils ont fait part de leur ambition d'ajouter du rayonnement à un festival de renom. Explications. On lui reprochait d'être élitiste, trop sélect, le Festival des Musiques Sacrées du Monde de Fès propose, cette année, des activités « off » pour s'ouvrir à un large public. C'est la principale innovation de l'édition de cette année, dans la mesure où des expositions, soirées soufies, concerts de musiques gratuits se dérouleront dans différents lieux de la ville. Ces «activités ne doivent pas dénaturer l'esprit des éditions des années précédentes», a précisé Saâd Zniber, le nouveau directeur général du festival. L'ancien directeur et initiateur du Festival des musiques sacrées du monde de Fès, Faouzi Skali, est chargé cette année des «Rencontres de Fès». C'est-à-dire qu'il a mis au point les colloques qui auront lieu pendant 5 jours dans la ville. L'édition de cette année se démarque ainsi des précédentes par le nombre de débats qui y sont programmés. Autour de thèmes comme «Cultures et mondialisation» et «Vision du monde, dialogues de civilisations », plusieurs intervenants, dont l'écrivain français Jacques Lacarrière et la veuve du peintre Balthus, exposeront ainsi leur point de vue. Au demeurant, lors de la présentation du festival, les différents intervenants se sont félicités de la renommée mondiale, désormais acquise par la manifestation. En attestent les enregistrements sur CD dont font maintenant l'objet les concerts. Ceux de l'année dernière ont été édités en deux coffrets par Harmonia Mondi, une maison d'édition célèbre pour les enregistrements de musique classique, a dit avec fierté Gérard Kurdjian, directeur artistique du festival. Cette célébrité croissante pousse légitimement les organisateurs à lui vouloir plus de rayonnement. «Nous voulons faire de Fès une réplique de Davos, mais sur le plan spirituel et culturel», a souligné Mohamed Kabbaj, président du festival. Ses propos ont été étayés par ceux de Faouzi Skali qui a réclamé une «mondialisation culturelle», dans le sens où Fès a pour ambition de constituer un lieu qui rompt avec les idées reçues, les cloisonnements et l'hostilité à la culture de l'autre. Aussi louables que puissent être ces intentions, le terme mondialisation convient très peu à l'esprit fondateur du festival. Il ne participe pas du dialogue, mais de l'absorption des cultures dans un modèle unique. Le Festival des musiques sacrées du Monde de Fès a maintenant une identité reconnue par tous. Une identité si forte qu'il est en train de faire école dans plusieurs endroits du monde. Il a depuis le début établi une ligne de conduite claire : œuvrer pour le dialogue de diverses cultures, indépendamment des différences religieuses et raciales. Au bout de sept éditions, il n'a pas démordu de son projet initial. Mais en cherchant à tout prix à l'enraciner dans la mondialisation, l'on risque de reléguer au second-plan la dimension religieuse et spirituelle qui a fait la réputation de ce festival dans le monde. Jusque-là, cette manifestation n'a pas eu besoin d'un cadre mondialiste pour faire passer le message de paix qui le fonde. Ce message de paix lui a fait obtenir une haute distinction de l'ONU. Cet organisme a en effet élu le Festival des Musiques sacrées du Monde de Fès parmi les douze événements ayant le plus contribué à un dialogue effectif entre les différentes cultures et civilisations du monde.