Le corps de Laïla Rahimi, dix-huit ans, découvert, jeudi 15 août, découpé en dix-sept morceaux mis dans cinq sachets en plastique noirs et éparpillés tout au long du boulevard Abdelkader Essahraoui près de la résidence Fadi, projet Diour El Hanate, préfecture de Ben M'sik-Sidi Othmane mobilise tous les services policiers de la capitale économique. Tout le monde en parle. L'information a fait la Une des journaux. Un crime odieux, abject, ignominieux qui dépasse l'imagination. Tuer une jeune fille de dix-huit ans et découper son corps en dix-sept morceaux ! Qui est le monstre qui a commis ce crime? Un fait divers qui met tout le monde sous le choc, au point que les services de la sûreté nationale décident ne pas rester les bras croisés. Ils se retrouvent dans l'obligation de rassurer l'opinion publique. Une dépêche de la MAP vient de tomber dans les rédactions de toute la presse nationale. Citant les services de la sûreté nationale comme source, cette dépêche affirme que le meurtre de Laïla Rahimi est un «crime passionnel», sans révéler d'autres précisions. Une conclusion des services de police laisse croire que la jeune fille vivait une relation amoureuse qui a mal fini. Avec qui la fille entretenait cette relation qui a fini dans le sang ? Qui est cet amoureux qui a débité ce corps en dix-sept morceaux ? Par quel moyen les enquêteurs sont-ils arrivés à la conclusion qu'il s'agit d'un crime passionnel alors que personne n'a été arrêté? Etrange ! Toutefois, certains affirment que les services de la sûreté nationale ont publié ce communiqué pour mettre fin aux rumeurs qui circulent faisant état que le meurtre a été commis par les membres de Salafiya El Jihadiya et d'El Hijra Wa Takfir, à l'instar du meurtre d'un notaire et d'un policier. En fait, les investigations se poursuivent jour et nuit. Les enquêteurs essaient d'exploiter la moindre information afin d'arriver à mettre les pieds sur une piste de l'enquête. Mais en vain. Vingt-huit jours passent. Et l'affaire de Laïla Rahimi reste sans résultat. Aucun indice, aucune piste, aucune information, aucun élément important pour l'enquête. Même les indicateurs et les informateurs de police ont jeté l'éponge. Nous sommes le lundi 9 septembre 2002. La rue Libourne au quartier La Gironde, préfecture de Derb Soltan-El Fida, n'est pas déserte. Mais les passants sont rares. Seules les véhicules la traversent sans cesse. Il est 10 h du matin. Un éboueur balaie le trottoir quand il arrive à côté d'un arbre. Un sachet en plastique noir y est entassé. L'éboueur qui tente de mettre le sachet dans un petit camion benne remarque qu'il est plus lourd. Il l'ouvre pour regarder à l'intérieur. Et c'est la mauvaise surprise. Une découverte macabre : la partie inférieure du cadavre d'une personne de sexe féminin. Alertés, les éléments de la police judiciaire débarquent. Les éléments de la brigade cynophile de la Gendarmerie royale les rejoignent. Où est la partie supérieure du corps ? Les chiens font leur tarvail. Pas moins d'une heure et demie, les enquêteurs arrivent à localiser la partie supérieure du cadavre renfermée dans un sachet en plastique blanc cette fois-ci et non pas noir, jeté à la rue Hammad Erraouiya, près du jardin Murdoch. Une partie sans tête !