Qui dit le premier peintre non figuratif dit Jilali Gharbaoui. Il a eu le mérite de conduire la peinture marocaine vers la modernité, ses œuvres reflètent son état d'âme et ses malheurs. La Villa des arts de Rabat rend hommage à cet artiste connu par sa peinture vivante et à l'orientaliste Louis Morère, à travers 72 œuvres dont 46 exposées de manière permanente. Disparu prématurément, Jilali Gharbaoui est une icône aussi bien emblématique qu'énigmatique du paysage pictural marocain et le premier à conduire la peinture marocaine vers la modernité. Son œuvre restée inachevée, à cause de son décès. Depuis sa naissance à Jorf Lmalah en 1930 jusqu'à son dernier souffle, Gharbaoui avait eu un parcours truffé de dures épreuves, de malheurs et d'infortunes. Sa vie prit fin tragiquement. En 1971 son corps est retrouvé gisant sur un banc public à Paris. «Rares sont les documents qui révèlent avec exactitude les événements et leurs dates», avait écrit Yasmina Filali dans son livre «Fulgurances» consacré au premier peintre non figuratif au Maroc. Alors qu'il n'avait pas encore dix ans, Jilali Gharbaoui perd ses parents et se retrouve d'abord adopté par un de ses oncles, ensuite dans un orphelinat. Il part à Fès pour ses études secondaires. C'est durant les années 40-50 qu'il manie le pinceau et peint ses premiers tableaux impressionnistes. Aujourd'hui, ses toiles représentent l'une des valeurs les plus sûres sur le marché de l'art. Mieux encore, elles ont valeur de patrimoine que la Fondation ONA s'est proposée de préserver à travers la collection d'un grand nombre de ses chefs-d'œuvre à l'espace de la Villa des arts de Rabat. Aux côtés des toiles de Gharbaoui, le public a pu redécouvrir celles de l'orientaliste et grand amoureux du Maroc, l'artiste-peintre Louis Morère. Sa collection avait fait l'objet d'une donation à la Fondation ONA en 2008, de la part de Mme Charlotte Monto, fille du peintre. Il s'inspirait de la nature aussi bien dans le choix des couleurs que des thèmes des toiles. Les tableaux se focalisent particulièrement sur les paysages naturels mais reproduisent aussi des scènes de la vie quotidienne du Maroc de l'époque. Ces toiles meublées de ksars, kasbahs, marabouts et palmiers, présentent le Maroc dans toute sa diversité, sa splendeur et sa grandeur. Un choix esthétique qui n'était surtout pas fortuit. Luis Morére écrivait un jour : «il n'existe pas de meilleur maître ni de meilleur modèle que la nature, elle est douce, à mon sens, la plus sérieuse, la plus sûre école des beaux-arts qui soit».