Nous sommes au début de l'après-midi du lundi 4 juin 2001. Les limiers de la brigade criminelle de la PJ d'El Jadida arrivent à Casablanca. Ils se dirigent directement au centre hospitalier universitaire Ibn Rochd. Quand ils y rentrent, ils sont conduits au bureau du médecin-chef. Celui-ci les rassure que la santé de Mohamed s'améliore et qu'ils peuvent l'emmener avec eux. Et il les conduit à la chambre où Mohamed est alité. Celui-ci ne s'étonne pas quand ils y rentrent. Il les regarde. Qui sont-ils ? «Police», l'avise le chef de la brigade qui lui demande de se préparer pour les accompagner. Où ? Mohamed ne sait pas pour quelle destination. Et il n'ose pas leur demander. Il garde toujours le silence et se contente de les regarder. Un policier se charge de lui menotter les mains et de l'aider à descendre du lit. Péniblement, il se tient debout. Entouré des policiers, il marche à pas lents, sort de la chambre, lance un sourire aux deux policiers qui se chargeaient de sa surveillance à l'hôpital et reprend son chemin que lui indiquent les limiers de la ville d'El Jadida. Ils ne lui adressent pas la parole, l'aident à monter dans la voiture de la police, l'ordonnent de ne leur rien demander en route, même d'uriner. Précautions obligent. Tout le monde est à sa place. Le policier, chauffeur, démarre. Il accélère. Il ne s'arrête qu'une fois à l'arrivée devant la grande porte du commissariat de police. Mohamed descend de la voiture entouré des policiers, tourne les yeux à gauche et à droite. Il s'assure qu'il est bel et bien dans sa ville natale, El Jadida. Dans un bureau sombre, Mohamed s'assoit sur une chaise, entouré de six policiers. Leur chef se tient sur une chaise, face à Mohamed et lui demande : «Ça va maintenant? Tu te sens bien ?» Mohamed se contente de hocher la tête sans dire le moindre mot. «- Es-tu muet ?, le surprend le chef de la brigade. – Non, balbutie Mohamed. – Bon, on va te laisser te reposer pour ce soir et la nuit et nous commençons, demain, les interrogatoires. Espérons que tu seras coopératif». Mohamed baisse les yeux comme un enfant timide. Les policiers le conduisent aussitôt dans la geôle. Il y passe la nuit. Le lendemain matin, mardi 5 juin, Mohamed se réveille tôt. Les limiers se tiennent devant lui. Leurs yeux se croisent. «Viens, monte», lui demande l'un des limiers. Ils le conduisent vers le bureau. Il s'affaisse sur une chaise. Comme la veille, le chef de la brigade se tient devant sur une chaise et les autres policiers l'entourent pour entamer les interrogatoires. «- Quel est ton nom et prénom? – Mohamed Belahrach. – Tu es né en quelle année ? – 1956. – Fils de qui ? – Mon père s'appelle Smaïl et ma mère se prénomme Khadija. – Ton adresse ? – Quartier Bouchrit, à El Jadida. – As-tu des frères et sœurs ? – Une sœur et un frère. – As-tu des antécédents judiciaires ? – Non. – Explique- nous ce qui t'est arrivé, samedi dernier, avec Zahra Enniyar. Pourquoi tu l'as tuée ? Pourquoi tu as tenté de mettre fin à ta vie ?» Mohamed fixe le chef de la brigade. Puis, il pousse un long soupir. Est-il prêt à reconnaître son crime contre cette sexagénaire ?