ALM : Quel est votre plus beau souvenir du mois de ramadan? Naïma Ilyas : Pour répondre à cette question, je vous invite à faire un petit voyage dans le temps et l'espace, plus précisément de mon enfance à l'ancienne médina de Casablanca. L'ambiance ramadanesque qui régnait durant cette période était exceptionnelle. La solidarité et la convivialité unissaient tous les habitants du quartier. Nos nuits étaient très animées. Durant cette période, les commerces ne baissaient leur rideau qu'une fois les lueurs du jour apparaissaient. Je me souviens, qu'un jour, ma famille m'avait acheté les habits de l'Aïd à 4 heures du matin. Vraiment c'était la belle époque. Les enfants savaient très bien comment occuper leurs journées. On créait souvent des activités à la fois ludiques et éducatives pour casser la monotonie journalière. D'ailleurs, c'est à partir de ce moment de ma vie que je me suis initiée au théâtre, puisque on était nombreux à le pratiquer spontanément dans les ruelles étroites de cette belle médina.
Qu'en est-il de votre premier jeûne ? C'est toujours gravé dans ma tête. Comme toute petite fille qui s'initie pour la première fois à cette pratique religieuse, j'ai eu droit à une cajolerie de la part de l'ensemble de la famille. Ce moment, je l'ai partagé avec les personnes qui me sont chères. J'avais à l'époque 12 ans et on m'a consacré une très belle cérémonie. Bien que je sois issue d'une famille modeste, ma famille ne m'a privée de rien ce jour là. C'était vraiment exceptionnel.
Pour vous, Ramadan rime avec… Il rime avec spiritualité, convivialité, amour et solidarité. De ce biais, j'invite tous les Marocains à garder ces habitudes tout le long de l'année. Il ne suffit pas d'être généreux et pieux pour une durée déterminée. C'est un privilège d'être né musulman. De ce fait, il nous faut préserver cette religion. Et ce, en respectant l'Autre, en pensant aux personnes les plus nécessiteuses et en faisant preuve d'indulgence et de compassion à longueur d'année.
Préférez-vous travailler durant ce mois sacré ? Personnellement, j'opte pour le repos pendant ce mois. Il m'est vraiment difficile de travailler en cette période. Je me souviens qu'une fois on avait fait une tournée au sud du Maroc au mois du ramadan. Les conditions du voyage étaient vraiment pénibles. Nous avons fait plus qu'une dizaine d'heures de route à jeun. Le budget consacré à la troupe ne nous permettait pas de faire le déplacement en avion. Imaginez dans quel état de fatigue on est arrivés. Heureusement qu'on avait une journée de repos devant nous avons d'entamer la tournée. Comment occupez-vous votre temps durant ce mois ? Mon temps est partagé entre mon foyer, mes prières et autres loisirs. Par exemple, je pratique un peu de sport quelques heures avant la rupture du jeûne. Egalement, je passe énormément de temps dans ma cuisine. Durant ce mois, j'ai recours à mon talent de cuisinière. Ainsi, je prépare à ma famille des mets diversifiés tels que les gratins, la soupe chinoise et l'«hassaâ» (soupe marocaine).