À l'heure où l'industrie automobile mondiale va plutôt mal, les constructeurs chinois, eux, affichent des couleurs. Et principalement du jaune, soit le teint d'un regard aux yeux bridés et au grand sourire. Et pour cause, les ventes de véhicules neufs en Chine ont dépassé les volumes réalisés aux Etats-Unis (lire «Embrayage» page suivante) au terme du premier trimestre 2009. C'est dans ce contexte que s'est ouvert le «2009 Auto Shanghai», soit la 13ème édition du Salon de Shanghai, laquelle s'est tenue du 20 au 28 avril. Organisée en alternance avec une autre grande exhibition automobile chinoise, à savoir le Salon de Pékin, cette biennale a été placée cette année sous le thème de «L'art de l'innovation». Avec la participation cette année d'environ 1.300 exposants (!), cette grand-messe fut une gigantesque vitrine automobile étalée à travers 12 halls sur une superficie totale de 170.000 m2 ! Des kilomètres de moquettes donc qui, avant d'être foulés par 600.000 visiteurs qu'attendent les organisateurs, le seront d'abord par des milliers de représentants des différents médias. Pour rappel, ils étaient plus de 6.000 journalistes à couvrir ce Salon en 2007. Des chiffres qui donnent le tournis… un peu comme le nombre de stands et celui (le nombre), sans précédent, des nouveautés dévoilées. Normal, car, à l'exception de Fiat et Renault, tous les constructeurs automobile étrangers sont présents sur ce marché. Et aux grands constructeurs automobile, s'ajoutent un nombre important de marques locales. En fait, il faudrait rappeler et préciser que, s'il existe une bonne centaine (!) de constructeurs automobile chinois, seule une quinzaine est viable à moyen ou long terme. Et justement, la bonne structuration (divisions, stratégie, recherches…) de ces marques fait qu'elles avaient chacune un stand au Salon de Shanghai. À commencer par le groupe Chery, qui a créé la surprise avec la présentation de trois nouveaux labels, une grande limousine et deux concepts de voitures électriques (lire ci-dessous). Les voitures de Chery ont fait sensation auprès de la presse automobile mondiale, tout comme quelques autres nouveautés, chinoises toujours. Mais il faudrait bien le souligner : si des groupes comme Chery, BYD ou encore, Brilliance Auto rivalisent de créativité pour enfanter de nouveaux produits, d'autres comme Haima ou Zotye n'hésitent toujours pas à copier de façon claire et éhontée des productions étrangères que tout le monde connaît ! Face aux Chinois, les constructeurs européens, coréens, japonais et américains (surtout eux) sont venus massivement à Shanghai. En pleine croissance, le marché chinois attise les envies, les rivalités et l'intérêt des plus grandes marques automobile. À Shanghai, la présentation en avant-première mondiale de la Porsche Panamera est, à elle seule, tout un symbole. BMW a également mis les petits plats dans les grands, avec la présentation des X5 et X6 retravaillés par Motorsport, la plus puissante motorisation de sa limousine, la 760 Li, ainsi que l'exhibition en avant-première régionale du concept Série 5 Gran Turismo. Son rival, Mercedes en a fait autant, avec la nouvelle Classe E, présentée pour la première fois en Asie. Sous perfusion dans son pays, General Motors a également mis le paquet à Shanghai. L'ex-premier groupe automobile mondial, qui mise beaucoup sur la bonne santé du marché chinois, a notamment dévoilé le «Business Concept», un prototype préfigurant son prochain monospace dans la gamme Buick. Autre opérateur majeur en Chine, Ford a mis l'accent sur sa nouvelle Fiesta, dont les bonnes ventes ne pourraient que le rester avec l'arrivée d'une version tricorps (4 portes) spécialement conçue pour ce marché. Même son de cloche du côté de Mazda, dont la version longue de sa «2» était exposée non loin d'un sulfureux concept-car (le Kiyora), lui-même disposé côte à côte avec le roadster MX-5 dans sa version la plus ultime. Sur le stand Toyota, le best-seller Camry occupait une place majeure, tandis qu'une grande nouveauté était présentée : la routière Crown. Pour son concurrent Honda, l'occasion était rêvée pour exhiber un prototype futuriste et surtout la toute dernière génération de la City. Les constructeurs français n'étaient pas en reste. D'abord, Peugeot dont l'étude de style RD Concept a été ressortie des cartons pour l'occasion, alors que la 206+ fait ses débuts en Chine, mais rebaptisée… 207 ! Encore plus fort, la filiale locale de Citroën profite de l'image très flatteuse qu'elle a en Chine pour présenter ses dernières belles créations : le C3 Picasso, le Concept GTbyCitroën et surtout, la C-Quatre tricorps, en attendant une C5 spécialement développée pour ce marché. Bref, entre la progression soutenue de son marché automobile et le nombre de nouveautés qui y ont révélées cette année, le Salon de Shanghai montre plus que jamais que l'avenir et la prospérité des grands constructeurs automobile passent par la Chine. DNES à Shanghai Jalil Bennani