Bêtes sans patrie Donnez une arme à un homme, il en sera transformé. Pour son premier roman, Uzodinma Iweala explore cette vérité aussi vieille que le monde. Dans une contrée d'Afrique sans nom et sans époque, le jeune écrivain américain nous plonge de manière fulgurante dans le quotidien et les pensées d'Agu, enfant devenu soldat malgré lui. Le regard est aiguisé, incisif. Les mots jaillissent comme le sang sous les coups de machette répétés. Dans un livre où la violence des massacres et des viols éclate à un rythme frénétique, la nausée guette à chaque page. Lorsque la peur se fait trop grande, le présent, insoutenable, Agu ferme les yeux et se remémore. Les journées d'école et les fêtes de village, les cérémonies religieuses, sa famille. Ces souvenirs fugaces d'un temps harmonieux hélas révolu sont comme une respiration, un appel d'air, la seule résistance possible. Et une suspension nécessaire dans le récit. Est-ce la puissance évocatrice de l'écriture qui donne à pénétrer l'imaginaire poétique de l'enfance ? Ou cette capacité à faire résonner les cris de rage, de douleur et de culpabilité d'une jeune âme meurtrie qui se croit contaminée par le mal et en quête de rédemption ? Reste que cette histoire, emplie d'humanité et de révolte, demeure un magnifique hymne lancé « à celles et ceux qui ont souffert », à ces enfants du monde, soldats et esclaves de la guerre, qui devinrent un jour chair à canon et « bêtes sans patrie ». Bouleversant. Bêtes sans patrie d'Uzodinma Iweala Editions : L'Olivier, 2008 Ecrivain aux multiples récompenses et auteur du célèbre « Patient anglais », Michael Ondaatje récidive et se fait une place dans la rentrée littéraire avec « Divisadero ». Bâti sur une histoire d'amours adolescentes interdites, le roman décline la palette des sentiments naissants, de ceux qui marquent et creusent le sillon d'une vie. Anna et Claire sont élevées dans une ferme en Californie avec leur père et Cooper, qui vit avec eux depuis son enfance. Lorsque Anna et Cooper tombent amoureux, la famille explose entre orgueil et culpabilité. Le style Ondaatje déconcerte car la précision de son écriture va crescendo. La première partie est troublante : toute en sensations, comme écrite à l'aveugle, elle impatiente et oblige à évoluer à tâtons. Mais à mesure que le texte avance, elle évolue vers plus de clarté, et gagne en force et en poésie. Le roman dérange aussi dans sa construction inégale : l'auteur consacre quelques pages au drame qui noue la vie des adolescents. Divisadero de Michael Ondaatje Editions : Points, 2008 Que produisaient les artistes japonais ou indiens pendant que Rembrandt peignait ses portraits à Leyde ? Comment des sujets similaires, à une même période historique, sont-ils traités à travers les cinq continents ? « 30.000 ans d'art » offre un tour du monde artistique, de l'Egypte à la Grèce, en passant par la Mésopotamie, l'Afrique, l'Europe, la Chine ou encore le Japon. Il explore l'histoire de la créativité humaine à travers le monde et le temps, à travers des œuvres célèbres et d'autres plus confidentielles. Les éditions Phaïdon ont fait le surprenant pari de renverser les codes du livre d'art en optant pour une présentation chronologique d'un vaste échantillon d'oeuvres d'art. 30.000 ans d'art de Collectif Editions : Phaidon, 2008