ALM : Que prévoit votre nouveau plan stratégique et à quelle échéance pensez-vous atteindre vos objectifs ? Boris Aleshine : Nous avons un plan stratégique ambitieux, qui s'étend jusqu'à 2012, auquel nous allons consacrer un budget de deux milliards de dollars et qui prévoit une série de mesures. Nous allons acquérir deux licences de chez notre partenaire, Renault. L'une pour produire un nouveau moteur, l'autre pour développer un modèle inédit. On ne peut pas s'ouvrir au marché mondial si on n'élargit pas notre gamme de véhicules. Nous allons donc développer cinq nouveaux modèles. Et bien évidemment, pour réaliser tout cela, nous allons devoir opérer toute une restructuration de notre groupe, laquelle aboutira à cinq filiales : production automobile, plasturgie, métallurgie, fabrication de moules et production de machines-outils. Cette restructuration pourra-t-elle se faire sans suppression d'emplois ? L'usine d'AvtoVaz ne produit pas que des voitures, mais fabrique aussi des outils et d'autres engins. D'où, les dizaines de milliers d'employés qui y travaillent. Maintenant, on ne pas peut continuer à travail avec autant de personnes. Il est donc logique qu'il y aura une diminution de l'effectif, tant au niveau des chaînes de montages que dans les structures administratives. Durant les années 80, vos ventes en Europe étaient plutôt bonnes. Pensez-vous en faire autant dans les années qui viennent ? Honnêtement, revenir à un niveau de 300.000 véhicules exportés en Europe me semble impossible avec la gamme actuelle. De plus, nos réseaux de ventes sur le Vieux Continent travaillent d'une façon très archaïque. En attendant d'y remédier, nous prévoyons de vendre 30 à 40 mille voitures sur les marchés européens, ce qui reste assez ambitieux. Pensez-vous que le marché automobile russe continuera à croître dans les mois qui viennent ? D'après les prévisions des analystes, le marché russe poursuivra sa croissance, avec une progression moyenne d'environ 10% chaque année. Et de progression, il sera toujours question l'année prochaine et ce, malgré la crise financière mondiale. En fait, le marché va continuer à se développer tout simplement parce que les revenus vont continuer à augmenter eux aussi en Russie. Par ailleurs, il ne faut pas oublier aussi que nous avons un taux de motorisation qui n'est que de 200 véhicules par 1.000 habitants, ce qui est encore trop faible. Entre le design, la sécurité, la qualité, lequel de ces critères allez-vous privilégier dans le cadre du renouvellement de votre gamme ? Ces trois critères sont indissociables pour faire une voiture compétitive aujourd'hui. Et puis, parce que nous voulons devenir un grand constructeur mondial, cela implique que nous devons être au même niveau que nos concurrents. Donc, au-delà de ces aspects, la vente, le service après-vente, le financement, sont également des critères clés d'un constructeur automobile moderne. Dans le temps, nous pouvions, malgré quelques soucis de qualité, nous imposer sur les marchés d'exportation et cela, grâce à des prix attractifs. Aujourd'hui, les Lada exportées ne sont plus compétitives en terme de prix. Du moins, cet aspect de prix ne peut plus être suffisant pour convaincre des clients comme ceux de l'Europe de l'Est. Qu'en est-il des marchés émergents, comme ceux d'Afrique du Nord et en particulier le Maroc ? Sera-t-il possible un jour d'y voir des Lada importées ? AvtoVaz est déjà présent en Egypte, où nous vendons en moyenne 15.000 Lada par an, dont 10.000 assemblées localement. Maintenant, tant que nous ne disposons pas d'une gamme entièrement renouvelée, nous ne pouvons pas débarquer sur de nouveaux marchés.