A Mlada Boleslav, une petite ville en ex-Tchécoslovaquie, deux hommes décident en 1895 de se lancer dans la production de vélos. Ils s'appellent Laurin et Klement, portent le même prénom (Vaclav) et ont pour passion commune les cycles et les motos. Cinq ans plus tard, leur firme dont les produits portaient alors le nom de Slavia, fabriquait déjà ce qui était encore une innovation et un luxe à l'époque : l'automobile. Ses premiers modèles ont pour nom «voiturette», tout comme les petites Renault de cette période, qui ont d'ailleurs aussi servi comme modèle d'inspiration. Mais durant les deux décennies qui suivront, l'entreprise vivra au rythme d'un yo-yo financier, avant d'être sérieusement affaiblie par une crise et un incendie. C'est là que va intervenir un puissant industriel qui produisait beaucoup d'engins –et notamment des locomotives et des armes– pour le compte de l'empire austro-hongrois. Son nom était Emil Skoda et sa firme était appelée (en tchèque) «Škodovy závody», soit les «Usines Škoda». En juin 1925, Skoda rachète officiellement la petite firme des deux Vaclav et lui donne son nom. De même, le label «Laurin & Klement» a aussi été repris et utilisé sur les modèles qui suivirent. A ce niveau, il faudrait préciser que les véhicules entièrement conçus par Skoda, n'apparaîtront que trois ans plus tard. Les premières ventes sont timides, mais très vite, les Skoda va monter en estime auprès du grand public. Et pour cause, les modèles classiques de la première gamme, tels que les 4R, 6R et 860, allaient céder leur place à des nouveautés à la fois séduisantes et plus abouties techniquement. Il s'agissait principalement des 420, Popular et Rapid, qui étaient toutes économiques, robustes et aérodynamiques. Leurs prix attractifs ont contribué à leur succès, ce qui ne fut pas le cas de la première génération de la Superb, dont la grosse cylindrée (3.140 cm3 en 1940) ne joua pas en sa faveur auprès des acheteurs. Mais l'arrivée de la Seconde Guerre mondiale va tout chambouler chez Skoda, d'autant plus que la Bohème fut annexée à l'Allemagne. Le constructeur automobile tchèque sera alors contraint de ne produire –et massivement– que du matériel militaire. Au sortir du conflit, Skoda n'a que des usines détruites par les bombardements et sa situation chaotique la mènera droit à la nationalisation dès l'année 1946. Pour autant, les Skoda allait conserver une clientèle toujours importante aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest. Parmi ses best-sellers de l'époque, la première génération de l'Octavia qui fu lancée en 1952, en remplacement de la Favorit. Une berline qui aura pour déclinaison sportive la Felicia, elle-même, remplacée par la 1000 MB. Un petit modèle lancé en 1964 et dont l'architecture à moteur arrière, lui valu un joli succès à l'exportation et une réputation flatteuse auprès des Soviétiques, qui la considéraient comme une «BMW de l'Est». Les années passent et en 1973, Skoda produit le millionième véhicule dans ses usines de Mlada Boleslav. Plus proches de nous dans les temps, les années 80 sont celles de modèles plutôt «vieillots» telle que la Favorit (deuxième du nom) apparue en 1989. Les ventes stagnent, puis baissent, plombant ainsi les finances de la marque, qui cherche alors une alliance ou un repreneur. La suite, tout le monde la connaît, avec le rachat progressif, dès 1991, de différentes parts (31%, 70% puis 100%) par le groupe Volkswagen. Skoda va alors retravailler de fond en comble toute sa structure, ses proccess de production et son image. Cette dernière est actuellement au beau fixe, grâce au haut de gamme Superb, mais aussi au succès du duo Fabia-Octavia, épaulé par l'original Roomster.