ALM : Au terme de l'année 2007, quel bilan commercial faites-vous pour l'ensemble des marques du portefeuille de la CAC ? Mehdi Tak-Tak : 2007 a été globalement une bonne année pour la CAC et durant laquelle nous avons réalisé une amélioration sensible du chiffre d'affaires et un volume de ventes, toutes marques confondues, quasi-similaire à celui cumulé une année auparavant. Au niveau de Volkswagen, si l'on ne prend pas en considération la gamme brésilienne, c'est-à-dire la Gol avec ses déclinaisons et la Fox, on remarque une stabilisation des ventes par rapport à 2006, avec un cumul d'un peu plus de 3.000 véhicules vendus en 2007. Maintenant, à l'intérieur même de la gamme VW, nous avons enregistré une progression des ventes à deux chiffres pour pratiquement tous les modèles phares de la marque. Les ventes de la Polo sont quasiment à 10% de plus, la Golf à 28%, la Passat à 15% et le Touareg à +10%. En fait, ce qui explique que les ventes de VW n'ont pas progressé autant que le marché lui-même, c'est la régression de quelques modèles comme la Polo Classic qui un modèle en fin de vie et la Jetta, dont les tarifs sont peu compétitifs. Concernant les ventes de la gamme Audi, nous avons clôturé l'année 2007 avec 30% de croissance. Nous aurions pu faire un peu mieux, car 25 à 30% des ventes sont réalisées par le Q7, qui a donc sensiblement tiré vers le haut les ventes de la marque. Or, ce 4×4 est un modèle à succès ; et la forte demande qu'il enregistre dans le monde, fait que nous avons parfois un manque de disponibilité de ce modèle. Nous aurons tout de même réussi à livrer 205 unités du Q7 en 2007, ce qui en fait le leader dans la catégorie des 4×4 de luxe. Les autres modèles de la gamme Audi ont réalisé des performances raisonnables. C'est le cas du nouveau TT, vendu à une trentaine d'exemplaires en 2007, ainsi que l'A8 qui a totalisé 20 à 25 livraisons. Nous avons également vendu quelque 177 A4 l'an dernier, alors que ce modèle est arrivé en fin de vie. La A3 et la A6 ont, elles, atteint leur rythme de croisière. De leur côté, les ventes de Porsche ont évolué de plus de 100%, puisqu'elles se sont établies à 44 véhicules vendus en 2007, contre tout juste 20 l'année précédente. Là encore, le modèle à succès est un 4×4 de luxe, en l'occurrence le Cayenne, qui représente près des deux tiers des ventes Porsche. Au niveau de Skoda, nous sommes également très satisfaits de cette première année durant laquelle nous avons mis tous les moyens pour faire décoller les ventes de cette marque. Ces moyens s'entendent d'un nouveau showroom totalement dédié à la gamme Skoda, une plus grande agressivité commerciale à travers les prix de l'Octavia Tour, ainsi que l'introduction de deux grandes nouveautés que sont le Roomster et la Fabia nouvelle génération. Tout cela nous a permis de clôturer l'année 2007 avec plus de 440 véhicules vendus. Pourquoi la Gol s'est absentée du marché pendant près d'un an avant d'y revenir vers la fin de l'année 2007 ? Si l'on revient aux débuts de la Gol au Maroc, on remarquera qu'à l'époque, elle était arrivée dans une fenêtre de tir idéale : elle profitait d'un excellent positionnement prix et n'avait pas vraiment de concurrente. Du moins, les marques asiatiques n'étaient pas aussi agressives qu'elles le sont aujourd'hui. La preuve, nous en avions vendu un peu plus de 1.750 unités en 2005. Mais du fait de diverses raisons, telles que la dévaluation de la monnaie brésilienne et l'augmentation des coûts de production chez le constructeur, nous n'avions pas eu le choix si ce n'était que de répercuter cela sur les prix de la Gol au Maroc. Nous avions alors décidé de retirer ce modèle du catalogue de la CAC vers la fin 2006. Puis en novembre 2007, nous l'avons réintroduite sur le marché, en ne répercutant qu'une partie de ladite hausse sur le prix d'achat. Maintenant, il est encore tôt pour dire si la Gol pourra faire les mêmes volumes qu'auparavant. Ceci étant, nous en avons vendu près de soixante unités en décembre dernier et on se satisfera donc si l'on parvient à en vendre une cinquantaine chaque mois. Cela d'autant plus qu'il y a bien une place pour la Gol sur le marché marocain, puisqu'elle reste «le» ticket d'entrée de la gamme VW. Le manque de compétitivité de certains modèles de VW (Polo, Jetta) ne serait-il pas un choix délibéré de la CAC, histoire de ne rien sacrifier sur l'autel de la rentabilité ? Il est clair que le positionnement de la marque Volkswagen au Maroc comme ailleurs, fait que ses modèles sont plus proches du premium que des autos grand public. Et nous voulons rester sur ce positionnement plutôt que galvauder la marque en accordant des remises à tout va. Puis, il ne faut pas oublier que les modèles de Volkswagen sont achetés en euros, une monnaie toujours aussi forte. Cela fait que nous n'avons pas la même capacité à baisser le prix de nos produits, quand d'autres importateurs marocains, qui paient leurs modèles en dollars ou en yens, peuvent le faire. Comment expliquez-vous la montée en puissance des ventes d'Audi au Maroc en 2007 ? L'engouement croissant pour Audi au Maroc est dû essentiellement à son positionnement dans le monde et aux valeurs qu'elle représente à savoir, une marque sportive, sophistiquée et jeune. L'image d'Audi a donc très bien été marquetée par le constructeur au niveau international, mais aussi bien relayée ici localement par la CAC. L'objectif à ce niveau a toujours été d'installer l'image de marque d'Audi et sa notoriété, plutôt que de vendre le maximum de véhicules, plus vite et à tout prix. Et aujourd'hui, les Marocains ont définitivement compris qu'Audi fait partie des trois plus grandes marques automobile premium. Puis il y a le succès du modèle Q7, qui reste un véhicule pas ordinaire. Il ne laisse pas indifférent et sort du lot avec son côté surélevé, massif et très sophistiqué. S'agissant du Q7 et du Volkswagen Touareg, n'êtes-vous pas concurrencés par les importations du marché parallèle ? Pas énormément. En fait, on ne se sent concurrencés à la CAC par le marché parallèle qu'à l'introduction de nouveaux produits. Beaucoup de gens au Maroc aiment être les premiers à disposer d'une nouveauté. D'où, leur recours aux mandataires et autres circuits parallèles qui leur permettent des les avoir avant nos clients. Or, dans la logique de distribution d'un constructeur, il y a tout un processus à suivre pour introduire un nouveau véhicule sur chaque marché. Il faut prendre plusieurs paramètres en compte et notamment voir si ses motorisations sont compatibles avec l'utilisation sur le marché en question. Puis nos prix restent assez compétitifs sur ce genre de modèles premium. Donc, nous ne souffrons pas vraiment du marché parallèle, puisque le seul avantage pour un client à importer un tout nouveau modèle se limite à la disponibilité immédiate de ce dernier. Concernant la marque Porsche, ne serait-il pas opportun de lui offrir un showroom et une structure totalement dédiés à l'image de ce qui se fait ailleurs ? Cela fait partie de nos projets. La stratégie globale de la CAC est de donner à terme un showroom dédié à chacune des marques de son portefeuille, comme nous l'avons fait en 2007 pour Skoda. Il est clair qu'il sera plus opportun d'offrir à Porsche un lieu plus spacieux et plus adéquat que le corner qu'elle occupe actuellement dans le showroom d'Audi. Ceci étant, la gamme importée de Porsche profite déjà d'une place identifiable et d'un endroit spécifique pour la livraison. Donc le processus est plus ou moins déjà enclenché. Comment voyez-vous l'évolution de Skoda à court et moyen termes ? Skoda est une marque qui a un potentiel de 1.000 véhicules par an au Maroc. Mais cet objectif n'est pas pour cette année. Nous devrions l'atteindre plutôt en 2009. Aujourd'hui, le gros des ventes est réalisé par l'Octavia Tour, soit la précédente génération de ce modèle. C'est une berline spacieuse, au positionnement prix ultra-agressif, un moteur à zéro-problème et une solidité à toute épreuve. Quant à l'image de la marque, elle est tirée vers le haut par des modèles comme la nouvelle Octavia et la dernière génération de la Fabia. On va dire que pour Skoda, notre objectif est double au Maroc : travailler son image et sa notoriété, d'une part et d'autre part diversifier l'offre actuelle et continuer à proposer toujours des prix plus intéressants pour ne pas dire très agressifs. Nous sommes donc positifs par rapport à l'évolution de Skoda dans les années à venir. Toutes marques (de la CAC) confondues, quelles sont les nouveautés qui seront lancées cette année ? En 2008, nous allons avant toute chose capitaliser sur les nouveautés que nous avons lancées en 2007. Pour Skoda et Porsche, il n'y aura pas de nouveauté majeure. En revanche, chez Audi, la grande nouveauté sera la A4, que nous introduirons à l'occasion du Salon Auto-Expo, c'est-à-dire en mai prochain. D'ici là, nous aurons une autre grande nouveauté dans la gamme Audi à savoir, le coupé A5-S5 dont nous aurons une quantité suffisante vers la fin février et qui constituera un joli vecteur d'image pour Audi au Maroc. Chez VW, la principale nouveauté en 2008 sera le Tiguan. Il sera bientôt lancé et viendra concurrencer les références du segment des 4×4 urbains que sont le Rav4 de Toyota et le CR-V de Honda. Au demeurant, nous disposerons sur toutes nos gammes de nouvelles finitions et nous essayerons également d'être un peu plus agressifs en terme de prix.