À six mois des prochaines échéances électorales, représentants et conseillers se mobilisent pour le parachèvement du dispositif législatif appelé à régir les élections. Les débats sont exceptionnellement animés. C'est aussi l'heure du bilan de l'actuelle législature qui devrait déboucher sur une réelle avancée démocratique. Le temps politique a ceci de particulier : il est régulé en fonction des échéances. Quelles qu'en soient la nature et l'opportunité… Ce particularisme prend toute son ampleur quand il s'agit, pour nous au Maroc, d'amender ou de changer carrément les lois électorales. C'est dans ce sens que l'on peut interpréter l'engouement des députés, membres de la commission de l'intérieur et des infrastructures, venus débattre, plus nombreux que lors des séances plénières, des lois électorales, présentées par Driss Jettou, ministre de l'Intérieur… La présentation des trois lois par M. Jettou a permis aux membres de la commission de saisir la portée de ces textes et surtout de comprendre les véritables changements introduits par rapport aux anciennes lois. Il s'agit de la loi organique modifiant et complétant la loi organique relative à la Chambre des Représentants, du projet de loi relative à la révision exceptionnelle des listes électorales générales et de celui modifiant les articles 14 et 24 de la loi organique relative à la Chambre des Conseillers. Deux termes ont été utilisés à profusion ces derniers temps. Les mêmes termes revenaient dans l'intervention du ministre et des députés : transparence et honnêteté. «Il s'agissait de préparer le cadre pour que les prochaines élections soient transparentes, honnêtes, que les prochaines institutions élues et l'action politique soient crédibles», disait M. Jettou qui a ajouté que les projets de lois relatives aux prochaines élections ont fait l'objet de concertations entre toutes les parties au sein de la commission technique. Si ce n'est pas une réplique à l'opposition qui n'a pas arrêté de dire que les lois électorales sont l'œuvre de la majorité, c'est tout comme… Le projet de la nouvelle loi électorale adoptée en conseil des ministres, stipule entre autres le scrutin par liste, encre indélébile, bulletin unique de couleur blanche, renforcement des sanctions en cas de fraudes, révision exceptionnelle des listes électorales, etc. Les choix du scrutin par liste et le seuil des 5% sont au cœur des divergences entre majorité et opposition, en plus bien entendu du gros morceau de toutes les discordes, le découpage électoral. Une remarque s'impose, non par rapport aux projets en question, mais plutôt en ce qui concerne l'attitude même des députés. S'il est vrai que la présence en grand nombre des représentants de la nation reflète l'importance qu'ils accordent à ces projets, il n'en demeure pas moins vrai de souligner que les citoyens aimeraient voir la même affluence pendant tout le mandat. Ensuite, cette présence là, ne doit pas être un moyen de faire pression pour que le vote de ses textes soit reporté, à une date ultérieure. Histoire de faire perdurer le plaisir. Le respect des échéances électorales et des engagements pris ne doivent pas être remis en cause. La crédibilité de tout le processus serait entamée. C'est pour cela que l'appel de certains députés de l'opposition pour le report des discussions ne pourrait avoir de suite.