ALM : Vous venez de lancer sur le web en téléchargement gratuit votre nouveau single. Pourquoi un telle gratuité alors que plusieurs artistes dénoncent le piratage via le net ? Hamid Bouchnak : Ce single a pour titre «Entia hia entia». Il fait partie du nouvel album qui a pour nom «Hamid». Il est en téléchargement gratuit avec qualité CD sur le web. C'est un support de promotion pour partager avec mes fans un titre de qualité. L'objectif tend justement à éviter le piratage et à communiquer autour d'un support médiatisé. Donner la primeur de ce single aux internautes s'inscrit dans une logique de renouveau et me permettra d'avoir une idée claire sur son impact. C'est le moyen le plus facile pour rendre ce single accessible à tous. On s'est inspiré de l'expérience de Renaud qui est un novateur dans ce domaine. Au niveau de la chanson maghrébine et du raï, on est les premiers à faire cette expérience. Qu'apporte de nouveau cet album ? Il y a deux ans, j'ai édité l'album «Moussem», sorte de tour d'horizon dans le répertoire musical marocain. Dans «Hamid», qui sortira en octobre, on trouvera toutes les influences subies depuis mon jeune âge, quelles soient locales ou internationales. On trouvera à travers des morceaux de cet album du reggae, de la world music, du raï, du gharnati et autres. En somme, c'est tout mon parcours musical qui est relaté par les douze titres qui composent l'album. Sur le plan de la thématique abordée, elle s'inscrit dans la continuité de ce que je faisais en abordant les thèmes de la fidélité, l'ingratitude, l'amour, le respect des engagements, «El Ghourba», «Lablad»… Pour plusieurs musiciens, Hamid est très méticuleux sur le plan de la qualité technique de ses enregistrements. Qu'en est-il au juste ? Quand on parle de nouveauté, il y a plusieurs paramètres qui entrent en jeu. Ce que cet album apporte de plus et qui le fait distinguer des précédents, c'est qu'il est enregistré et produit dans plusieurs villes. Le choix de ces villes n'est pas aléatoire, il est en relation avec le genre musical choisi. Il fallait travailler avec des professionnels dans leurs propres studios pour faire sortir le meilleur. Ainsi, on a enregistré dans trois villes différentes ; le reggae à Bruxelles, le hip hop à Paris et d'autres genres se rapportant aux percussions: Tbale, Derbouka, Krakebes et Bendirs à Casablanca et à Oujda. Il y a eu aussi une collaboration étroite de la part de musiciens habitués à ces mélodies. Pour chaque titre, il y avait des spécialistes qui maîtrisent les nuances et qui apportent la dynamique et le savoir-faire requis. On n'a pas travaillé tout l'album avec un groupe de musiciens fermé. C'est à travers des collaborations et des rapprochements apportés par plusieurs que le travail a été réalisé. Même chose pour le mixage puisque quelques morceaux ont été mixés à Londres, deux chansons mixées au Maroc, et d'autres titres à Paris. Lors de vos prestations à Oujda et à Saidia, vous avez fait preuve d'une maîtrise parfaite de la scène à tel point que vous êtes devenu l'une des rares stars maghrébines qui maîtrisent la scène. Au niveau de l'orchestration, j'ai appris beaucoup de chose de mon expérience européenne. Il faut avoir la capacité de dominer la scène et être aux normes internationales. Cela s'apprend. Ma maîtrise de plusieurs instruments ainsi que des techniques de scène m'ont beaucoup aidé. En plus, Hamid, l'homme orchestre, avec ses boîtes à rythmes, fait partie du passé. La dizaine de musiciens qui m'accompagnent me permet de me consacrer plus à l'exécution de mes chansons. C'est une démarche qui commence à donner ses fruits, malgré un environnement artistique de plus en plis hostile. Maintenant, il y a Hamid et sa Bande. Il y a le live et le travail de scène qui obligent le chanteur à se produire en orchestre. Ce n'est pas facile de percer et de s'installer car le plus important est de maintenir le cap à un certain niveau. Au Maroc, par exemple, les chaînes de télévision ne s'impliquent pas suffisamment dans la promotion des artistes nationaux et ne jouent pas leurs rôles de producteurs de clips. Les concerts réussis à l'étranger ne sont pas diffusés même si on les leur propose ; alors que ceux d'artistes étrangers harcèlent le public marocain. Triste comme constat. On compte plus sur les DVD et les VCD pour être près de nos fans et du public. Seulement, cela n'a pas l'impact que peut avoir la télévision. C'est encore plus difficile à l'étranger où on doit simplifier pour réaliser des clips par exemple. Cela a des conséquences sur la qualité du produit. Il faut se battre pour faire avancer notre production musicale. C'est notre destin et je l'assumerai jusqu'au bout. A travers la musique et le sport, on fait la promotion d'un pays et la bonne trajectoire s'appuie essentiellement sur l'assiduité au travail.