ALM : Comment Abdelkrim Al-Quissi est passé de la boxe au cinéma ? Abdelkrim Al-Quissi : Dès l'âge de 12 ans, j'ai commencé à pratiquer la boxe anglaise. Grâce à ce sport, j'ai fait la connaissance de pas mal de personnes, surtout à travers la participation aux différents tournois internationaux. Cela a déclenché une amitié avec une jeune personne qui allait faire avec moi un long parcours, tout en pratiquant le karaté. C'était Jean-Claude Van Damme, dont on a découvert les talents artistiques au cinéma. C'était grâce à notre ami Paul Van Damme, qui est notre parrain sportif. Ce dernier, quand nous étions encore petits, nous donnait de l'argent pour acheter nos équipements sportifs. Et puisque Jean-Claude avait une «gueule» de cinéma, il a tenté une aventure cinématographique avec mon frère, Mohamed. Il a rempoté un vif succès et n'a jamais oublié ses amis. Il m'a invité à participer à un casting pour son film «Full contact» en 1989 et m'a offert une chance. Je me trouvais avec dix-sept Américains, tous habitués à ce genre de «show». Je croyais que je n'avais aucune chance avec des comédiens de Hollywood aux corps et aux visages d'enfer. Ce n'était pas l'avis de Sheldon Lettich, un grand réalisateur de cinéma d'action, qui m'a choisi sur le champ pour jouer le rôle d'Attila. C'est alors que j'ai entamé ma carrière cinématographique. Depuis, j'ai joué, en 1995, dans «Le grand tournoi» du réalisateur John Woo. Un film d'action regroupant les meilleurs combattants venus du monde entier pour dominer les combats à primes. Par la suite, en 2002, j'ai joué dans «L'ordre» avec Charlton Heston. C'était un film de Sheldon Lettich. En parallèle, j'ai joué des rôles dans plusieurs séries. Depuis un certain moment, il semble que vous vous êtes éloigné du cinéma pour vous occuper d'actions politiques et sociales. Avez-vous changé de cap ? Je vais passer derrière la caméra pour réaliser mon propre film. C'est une production belgo-marocaine aux normes de Hollywood. Il y aura beaucoup d'actions, de suspense, d'amour et d'humour. Le film sera entièrement tourné au Maroc avec quelques passages en Belgique. L'histoire se déroule dans une petite médina aux portes du désert. Dans cette localité, tout le monde vit tranquillement jusqu'au jour où un événement perturbateur modifiera la donne. Huit personnes d'horizons différents vont se retrouver dans cette médina. L'important dans l'histoire, c'est qu'elle sert à diffuser des messages de tolérance, de respect de soi et de l'autre, de ténacité face au désespoir, de bravoure face à la cupidité. Elle met aussi en évidence les liens de loyauté tissés entre l'homme et le cheval. Qui joue dans le film et pourrait-on le voir bientôt ? Plusieurs comédiens nationaux et arabes seront présents dans des rôles essentiels. Le rôle principal sera assumé par Omar Charif. Ce sera, peut-être, son dernier film. Je suis en contact avec lui pour lui proposer le scénario. Cela se fera dans les prochains jours. Je suis en phase finale pour le bouclage financier. Par ce film, je veux démontrer que le Maroc offre une diversité de paysages et de couleurs, sans qu'il soit pour autant récompensé par les grosses productions. Au-delà de l'importance de ce film et du côté artistique, il semble que l'élan de développement que connaît le Maroc vous tente aussi. Le cinéma peut contribuer de manière positive à faire connaître notre pays. On parle de plus en plus du tourisme comme vecteur de développement. Et dans ce domaine, l'art joue un rôle capital. Multiplier les festivals, produire de grands films, réaliser des chefs-d'œuvre musicaux représentent des facteurs de développement. Les médias sont aussi une force de valorisation ou de destruction de tout un pays. Le Maroc a besoin d'être médiatisé de la meilleure manière. Le cinéma international s'intéresse au Maroc, car il y trouve les atouts adéquats : les paysages, les acteurs, les figurants… Nous avons un véritable studio naturel. Alors qu'ailleurs, il faut tout construire… même la lumière ! Il faut y croire et expliquer, avec des dossiers bien ficelés, aux bailleurs de fonds, le cinéma au Maroc peut générer des gains. Il faut que notre cinéma bouge et c'est ce que je suis en train de faire avec le film que j'entamerai prochainement. Je travaille sur ce projet depuis trois ans, et je suis en phase de trouver des personnes de valeur qui croient en ma conviction. Lorsque j'aurai fini avec ce film, on comprendra que le génie marocain est réellement créatif.