«Je me suis consacré à ma famille. Personnellement, je fais partie des personnes qui se sont données à fond… mais qui n'ont rien reçu en échange ! J'estime que je me suis sacrifié pour le football national. J'ai défendu les couleurs nationales avec ferveur, j'ai rempli du mieux que je pouvais ma fonction au sein de tous les clubs dans lesquels j'ai joué, mais, franchement, mon avenir était toujours en jeu. Je vivais dans l'insécurité matérielle». Mustapha Kiddi garde un goût amère d'une carrière footballistique qui a pourtant été brillante. «A 8 ans, je jouais en compagnie de mes amis dans mon quartier Hay Bouskri. Nous jouions aussi dans un terrain de football appelé Bab Aghmat. Je participais à des championnats nationaux et cela m'a permis d'évoluer et de progresser», raconte l'ex-joueur national Mustapha Kiddi. Passionné, il intègre le club Chabab El Massira de la 3ème division en 1978 et y reste jusqu'en 1983. Il y jouait en tant qu'attaquant avant de rejoindre le KACM, le club du Kawkab de Marrakech où il fera ses preuves de 1983 à 1993. Une autre destination s'offre à lui, par la suite, de 1993 à 1994. Une saison qu'il passe au club Ittihad de Tanger avant de regagner le club Asmar de la ville de Marrakech, un club de 2ème division. La saison suivante, escale au club de la Centrale Laitière après il met fin à l'aventure. «Au club du KACM, nous avons remporté deux coupes du Trône de 1987 et de 1993. Je me rappelle, lorsque j'étais capitaine d'équipe du KACM, en 1987, lors de la finale de la coupe du Trône, j'avais marqué le premier but de l'histoire de la coupe du Trône. Ce but, je l'avais marqué à la 1ère minute du match. Nous jouions en finale contre La Nahda de Berkane et le score était de 4-0», se souvient-il. Le jeune Kiddi joue, pour la 1ère fois, au sein de l'équipe junior nationale en 1983. Il participe à la coupe de Palestine, organisée au Maroc dans la même année, en compagnie de ses camarades de l'équipe nationale Junior. Puis, il rejoint l'équipe espoir et représente le Maroc au tournoi de Toulon en 1988. Il y avait 16 pays, lors de cette compétition, le Maroc a pu se classer 6ème. En 1987, Kiddi intègre l'équipe nationale A. Une année plus tard, qualification assurée pour son équipe à la Coupe d'Afrique des Nations, organisée en 1988 au Maroc. «Durant cette même année, nous avons participé au tournoi international de France. Nous avions affronté, en finale, l'équipe nationale de France, à Monaco», raconte l'ex-joueur. Kiddi brille tout au long de son parcours, mais, après les éliminatoires de la Coupe du monde de 1990, il se retire définitivement du milieu de football. Rupture soudaine avec le ballon rond. Kiddi, qui avait tout donné pour sa passion, s'est retrouvé bredouille comme si le football n'était qu'un rêve après lequel il s'est réveillé pour constater qu'il n'avait rien. «A l'époque où je jouais avec le KACM, j'avais reçu deux propositions de deux grands clubs étrangers. C'était en 1986, Metz et Sochaux, ces deux clubs m'ont vivement sollicité, mais, malheureusement, je n'ai pas pu évoluer à l'étranger. J'avais aussi reçu la proposition d'un club des Emirats Arabes Unis Al Aïn Al Imarati. Mais, à notre époque, on estimait que j'étais très jeune pour rejoindre des équipes étrangères. Les joueurs marocains n'avaient le droit d'exercer le football à l'étranger qu'à l'âge de 27 ans. Beaucoup de mes semblables ont vécu cette situation», avoue-t-il. Kiddi a quitté le terrain de football pour de bon. C'était, pour lui, une décision irrévocable. Kiddi garde aussi de mauvais souvenirs : alors qu'il jouait encore au KACM, il s'était blessé au genou, lors d'un match contre l'Olympic de Safi. «Personne ne m'avait apporté les soins nécessaires et cela m'a vraiment fait mal. Je m'en souviens toujours», confie-t-il. Le football lui a tourné le dos. Mais Kiddi ne compte pas priver, pour autant, ses enfants de jouir de sa passion. Deux de ses trois garçons : Mehdi et Karim évoluent au KACM.