La musique gnaouie a perdu en août l'un de ses grands musiciens, maâlem Mahmoud Guinia. Un des grands maîtres de l'art gnaoui ayant réussi à mêler son art à celui de musiciens d'envergure, notamment Carlos Santana, Adam Rudolph, Will Calhoun, Issaka Sow et tant d'autres, lors des différentes prestations du Festival d'Essaouira. Il a participé à de nombreux festivals en Espagne, France, Italie, Japon, Canada, Autriche, Norvège, Belgique, Pays-Bas..., Guinia interprète son art dans le style marsaoui. La musique, il la respirait depuis tout jeune. A l'âge de douze ans, il apprenait le guembri et à vingt ans il assurait des «lilas». Sa carrière a été longue et riche.
Abdelhadi Tazi: Un érudit s'en va
La disparition en avril de l'historien, écrivain et diplomate Abdelhadi Tazi a été un autre coup dur pour la scène culturelle nationale. Décédé à l'âge de 93 ans, le regretté était membre de l'Académie du Royaume du Maroc, et avait occupé plusieurs postes et fonctions officielles. Il a été nommé en 1947 à la tête de l'Institut universitaire de recherche scientifique après avoir été ambassadeur du Maroc dans plusieurs pays. En 1979, il a occupé le poste d'ambassadeur du Royaume à Téhéran et ultérieurement chargé de mission au Cabinet Royal. Il a enseigné et donné plusieurs conférences sur l'Histoire des relations internationales et autres sujets ayant trait à la civilisation et à l'histoire dans plusieurs facultés et établissements supérieurs, au Maroc et à l'étranger.
Mustapha Mesnaoui: L'homme du cinéma tire sa révérence L'année 2015 a aussi été celle où le critique de cinéma, écrivain et scénariste Mustapha Mesnaoui a rendu l'âme. «Mustapha Mesnaoui était l'un des chantres de l'écriture satirique de notre pays», selon l'Union des écrivains au Maroc. Le défunt compte également parmi les grands nouvellistes et critiques littéraires marocains. Son premier recueil de nouvelles «Tarek qui n'a pas conquis l'Andalousie» remonte à 1976 et il a été édité à Beyrouth. Philosophie, littérature, critique de cinéma et… de la sociologie aussi, son livre intitulé «Méthodologie dans la sociologie de la littérature» constitue l'une des références en la matière. Né à Casablanca, cet homme de culture était membre de l'Union des écrivains au Maroc, de la rédaction du magazine «Attaqafa Al-jadida». Il dirigeait aussi le journal «Al-Jameaa» et le magazine «Bayt al-Hikma», dédié à la traduction.
Fatima Mernissi: Une lumière s'est éteinte
La scène culturelle marocaine a été endeuillée, au cours de l'année 2015, par la disparition de Fatima Mernissi, l'une des féministes les plus célèbres au Maroc et au monde arabe. Auteur prolifique, ardente militante des droits de l'Homme et de la cause des femmes en Islam, Fatima Mernissi a marqué de son empreinte la scène culturelle et intellectuelle du Maroc depuis un demi-siècle. Cette sociologue mondialement reconnue pour ses œuvres a consacré toute sa vie à dénoncer dans ses nombreux écrits le patriarcat dans la culture musulmane. Elle est à l'origine de plusieurs collectifs, collections et ateliers d'écriture : «Femmes, familles, enfants», «Femmes, citoyennes de demain», «Femmes Maghreb 2000».
Mohamed Bouchnak: Le Maroc perd l'un des chevaliers du Raï Le Maroc a perdu en 2015 l'artiste Mohamed Bouchnak, l'une des figures incontournables de la musique Raï. Mohamed Bouchnak a été l'un des piliers du groupe de raï les «Frères Bouchnak». Le défunt était l'un des principaux musiciens du groupe qui a connu un franc succès au Maroc et à l'étranger. Surnommés les chevaliers de la musique Raï, Mohamed Bouchnak et ses frères Hamid, Omar et Reda, se sont forgé un style de musique qui leur est propre, composé du Raï et influencé par le patrimoine musical local, notamment le «Gharnati», ce qui a fait alors le succès de jeune groupe à l'époque. Mohamed Bouchnak est issu d'une famille d'artistes. Son père, Benyounes Afendi, était un musicien très connu dans le milieu de la musique arabo-andalouse. Quant à sa mère Zineb, elle était une des fans des Gnawas et de leur musique. Raiss Ahmed Amentag: La culture amazighe endeuillée Raiss Ahmed Amentag, l'un des chantres de la musique amazighe dans le Souss, s'est éteint en novembre. Poète prolifique, compositeur aguerri et interprète d'exception, raïss Amentag a laissé à la postérité un riche répertoire de chansons traitant de l'amour, de la terre, des faits de société, de la spiritualité et bien d'autres sujets, dont «Tadwirit», «Boularyach», «Targa» et «Timouzounin». Né en 1927 dans le douar d'Irguiten (province de Taroudant), le défunt, bercé dès son jeune âge par les sons d'ahwach, a fait un bref passage par l'école coranique avant de prendre goût à la musique, une passion qui l'a très tôt happé en l'emmenant aller faire ses armes ailleurs aux côtés des grands rwaiss de son temps. Il a commencé sa carrière en jouant à loutar, puis passe au ribab, interprétant au départ les chansons cultes de feu Haj Belaid et de Boubker Azerii, avant de faire la connaissance d'autres chantres de tirrouysa, comme Moulay Mouh, Jama'e Hamdi, Said Achtouk et bien d'autres.