Après révisions, le Maroc a adopté le très attendu projet de la stratégie nationale de lutte contre la corruption. Les membres du gouvernement se sont réunis à cet effet lundi pour annoncer leur accord sur la version finale du projet. Le chef de gouvernement qui avait déclaré il y a une année de cela que ce mal coûtait au Royaume 2% de son PIB, revient aujourd'hui pour décliner les mesures prévues d'ici 2025 afin de s'attaquer à l'ensemble de ses aspects. Se donnera-t-il les moyens de ses ambitions ? Près de 1,8 milliard de dirhams. C'est là l'enveloppe consacrée à pas moins de 239 projets que le gouvernement se donne le défi de mettre en application dans un délai de dix ans. A terme, la stratégie en question prévoit, en impliquant les secteurs public et privé ainsi que la société civile, d'aboutir à «une société fondée sur l'intégrité et l'éthique (…), une administration publique efficiente, honnête, inclusive et exempte de corruption qui garantit l'équité et la justice sociale et une confiance du citoyen envers l'administration publique». Objectifs qui devraient s'accompagner par la mise en œuvre des textes relatifs au droit d'accès à l'information, aux conflits d'intérêts ainsi que la charte des services publics que le Maroc attend depuis l'adoption de la Constitution de 2011. Ces points très souvent recommandés par la société civile ont, en effet, été pris en considération dans la version finale de cette stratégie. Celle-ci se décline en cinq axes dont celui de la gouvernance pour lequel un budget de 93 millions DH a été arrêté pour la réalisation de 45 projets. Ces derniers concerneront essentiellement la transparence et l'accès à l'information, la reddition des comptes, les instances de gouvernance, la gestion des deniers publics ainsi que la gouvernance territoriale. A côté de cela, 27 projets dont le coût s'élève à 46 millions de dhs s'intéresseront au volet répressif. 25 millions de dirhams seront également alloués à la formation et l'éducation tandis que 306 millions DH profiteront aux actions de communication et sensibilisation. Ceci dit, c'est le pilier de la prévention qui demeure le plus gourmand en budget. Il en absorbe plus de 74% pour 61% de l'ensemble des projets définis (encadré ). Plusieurs risques gravitent cependant autour de la concrétisation de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption. La diversification des plans d'action, des acteurs et des projets, en plus du gros budget qu'elle nécessite rendent sa mise en œuvre complexe. Il est à cet effet important de prendre en considération un bon nombre de facteurs dont celui de l'identification des leviers financiers (définition d'une ligne budgétaire de l'Etat, création d'un fonds de lutte contre la corruption, organismes internationaux, …), l'évaluation des résultats à chaque étape de réalisation des projets pour, si nécessaire, réajustement ainsi que la capitalisation sur des ressources humaines compétentes. Pour ce faire, il a été procédé à la création d'une Commission nationale anti-corruption (CNAC). Celle-ci va permettre de mettre en exécution les projets prévus par la Stratégie nationale de lutte contre la corruption. Présidée par Abdelilah Benkirane, elle a pour mission, outre la validation de la stratégie, des plans sectoriels et de la politique de communication, le pilotage de l'ensemble de cette stratégie. La CNAC communiquera également ses directives à un organe d'appui qui, lui, sera chargé du suivi opérationnel et reporting. Il doit, entre autres, assister les équipes projets, remettre des rapports périodiques sur l'état d'avancement de la stratégie et garantir sa cohérence ainsi que tout recadrage ou arbitrage nécessaire à l'aboutissement des objectifs définis. Répartition des projets par pilier et par axe