Validé hier soir, le programme du gouvernement de Benkirane entre désormais dans le circuit de l'adoption. Dans l'attente de la tenue du Conseil des ministres et du vote de confiance au sein du Parlement, la version finale du projet a été plutôt fidèle aux engagements pris par les 4 partis formant la coalition. Les hypothèses de base qui ont servi à la commission spéciale chargée de ficeler la nouvelle politique générale ont tenu compte du contexte de la crise mondiale et «un taux de croissance de 5,5% pour les deux premières années sera une performance particulièrement importante, avant de passer à un nouveau palier de croissance à partir de 2014», explique Abdelahad El Fassi, membre du bureau politique du PPS et membre de la commission chargée du programme. «L'emploi ne se décrète pas. Le gouvernement compte créer 200.000 emplois par an, secteurs public et privé confondus, pour arriver à l'objectif d'1 million de postes d'emploi créés à fin 2016. Pour le déficit et vu qu'il est pratiquement impossible de le passer au dessous de -3% en 2012 et 2013, c'est encore une fois en fin de mandat que le taux de déficit pourra être ramené au seuil de 2%», souligne le membre du parti formant le gouvernement. Le programme gouvernemental comprend également un vaste volet relatif à la restauration de la confiance des citoyens, que ce soit via les administrations ou les services publics et communaux. Des engagements extrêmement précis seront pris par l'Exécutif pour la consolidation de la bonne gouvernance. «Les budgets de fonctionnement des ministères seront revus à la baisse», prévoit le projet de programme validé hier par le Conseil du gouvernement. Pour ne pas donner une allure plutôt populaire que populiste à ses nouvelles actions, le nouveau gouvernement compte aussi se lancer dans le chantier de la lutte contre la corruption et la transparence. C'est dans ce cadre que le gouvernement s'est engagé à préparer le nouveau statut de l'Instance de la lutte contre la corruption, le droit d'accès à l'information et la révision de l'arsenal relatif à la déclaration du patrimoine, qui ont été citées comme les mesures urgentes à prendre en ce début de mandat. La logique du programme a pris aussi soin de ne pas s'aventurer dans des objectifs à très court terme. Mis à part l'activation du volet législatif encore à voter, le programme compte énormément sur la nouvelle loi organique des finances qui devra permettre enfin à l'Exécutif d'établir des budgets prévisionnels d'une durée de trois années. Sans parler ouvertement d'un abandon de la vision sectorielle, le gouvernement compte ainsi «créer les conditions performantes relatives à l'attrait des PME, la réforme de la fiscalité et la problématique du financement bancaire», souligne la version finale validée hier. Une grande priorité a été accordée à la présence du Maroc au concert des nations «l'image du Maroc sur la scène internationale doit servir en premier lieu la cause nationale», insiste le nouveau gouvernement. Dixit... «La politique du gouvernement accordera une priorité au volet relatif au renforcement de l'identité nationale. Il y a, bien sûr, la référence islamique, mais aussi les aspects de l'ouverture et du respect des valeurs universelles des droits de l'Homme. Les cinq autres axes du programme font partie dans leur ensemble des nouvelles modalités de la gouvernance qui seront mises en place. Après les discussions et les recoupements qui ont été effectués par les divers départements, chacun a apporté des éclairages nouveaux sur la logique d'ensemble du programme sur lequel le gouvernement s'engage durant sa période d'investiture». Abdelahad El Fassi, Membre de la commission de préparation du programme Sur le feu... C'est encore une fois le chef du gouvernement qui a été habilité à apporter sa propre vision sur la version finale du programme. La continuité sera le maître-mot «forcé» pour ce début d'exercice. Cela vaut pour l'enseignement et la santé, qui ont tous les deux des plans d'urgence devant prendre fin en 2012, mais aussi pour les chantiers ouverts relatifs à l'économie solidaire et à la lutte contre la précarité dans le rural. Le gouvernement s'engage en effet à activer toutes les dotations budgétaires pour le parachèvement des programmes en cours. Les ministères de l'Equipement, de l'Habitat, de l'Intérieur et des Finances seront les plus concernés par l'harmonisation de leurs stratégies de départ. L'amélioration du système de gouvernance, qui concerne l'ensemble des départements et leurs relations, compte beaucoup sur la nouvelle ingénierie du gouvernement et sur le statut des ministres, qui sera le premier test sérieux à passer, après celui du budget 2012. La déclaration du gouvernement n'a pas été très convaincante au sujet de la régionalisation. Au sein des 14 lois organiques encore à voter, le nouveau découpage régional et les attributions des régions n'ont pas été avantagés par rapport à d'autres textes, sur lesquels Benkirane compte énormément pour tenir ses promesses. C'est le cas de la loi organique des pétitions adressées par les citoyens ou celle de la grève, promises toutes les deux dans les plus brefs délais.