Selon la Direction nationale de la météorologie, il s'agit d'un anticyclone qui aurait pris la Méditerranée comme nid, et qui n'est pour l'instant pas près de bouger. Comment se présente la situation aujourd'hui ? Est-il prématuré de parler de sécheresse? Et à quel point un secteur vital comme l'agriculture sera-t-il touché? Réponses. A fin novembre 2014, l'équivalent d'une année de pluie s'était abattu sur le sud du Maroc en 48h. Ces pluies diluviennes n'étaient pas sans dégâts humains et matériels considérables mais ont cependant contribué à une campagne agricole 2014-2015 exceptionnelle à tous les niveaux. En effet, pour ne prendre en exemple que la filière céréalière, la récolte avait atteint un record de 11 millions de tonnes contre 6,7 millions en 2014. Les statistiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP) de cette même période relevaient une augmentation de production agricole de 12,5% au premier trimestre de 2015, avec notamment une croissance de 8,8% dans la production de céréales. A ce sujet, le directeur régional de l'agriculture à El Jadida, Abderrahman Naïli, temporise aussi bien sur les attentes que sur les craintes des conséquences de la situation actuelle : «Nous ne pouvons pas parler de sècheresse tout comme nous ne pouvons pas procéder à une comparaison avec la récolte céréalière de 2015. Celle-ci représente une exception dans toute l'histoire du Maroc». Par ailleurs, il y a lieu de souligner que nous sommes loin d'une pluviométrie d'une campagne jugée «normale». Le niveau des précipitations cumulées reste deux fois moindre et ne sera certainement pas sans conséquences sur le secteur agricole. Jusque-là, les professionnels se disent confiants et espèrent rattraper le retard dans la campagne de cette année. «S'il pleut dans les dix jours à venir, on pourrait se rattraper au maximum. La récolte ne sera peut-être pas bonne par rapport à une campagne où la répartition des pluies est équilibrée sur l'année. On peut toutefois la qualifier de moyenne à assez bonne», précise-t-on auprès de la Direction régionale de l'agriculture au niveau de Doukkala-Abda, tout en rassurant que cela est possible car «les semis ne sont pas précoces cette année et le blé n'ayant pas encore germé demeure stocké dans le sol». A côté de ces indicateurs qui permettraient aux agriculteurs de garder le moral, cette même source indique qu'il ne relève pas d'inquiétudes pour le pâturage. Encore moins pour les fruits et légumes qui sont pour la plupart irrigués en serres et ne dépendraient pas totalement des eaux de pluies. «Tant qu'il n'y a pas de dessèchement, je reste confiant», conclut Naïli. Au niveau du ministère de tutelle, le même état d'esprit plane. Un autre facteur plus ou moins rassurant a été mis en avant dans un communiqué publié par le département de l'agriculture qui souligne que plusieurs facteurs atténuent les effets du retard des pluies, surtout au niveau des périmètres irrigués. Le taux de remplissage des barrages à usage agricole se situe en effet à 63% avec des taux assez importants au niveau des périmètres irrigués, qui affichent un disponible de 8,5 milliards de m3. «Ceci est une conséquence directe du réchauffement climatique» Entretien avec Lhoucine Youabd, chef du département de communication au sein de la Direction nationale de la météorologie
Le mois de décembre touche à sa fin sans que l'on observe des perturbations au Maroc. Y a-t-il une explication à cela ?
Lhoucine Youabd : Il s'agit d'un anticyclone qui s'étend sur la région à haute pression centrée sur le proche Atlantique. C'est la raison pour laquelle nous assistons à une absence de pluies depuis près de deux mois. L'anticyclone des Açores s'étend sur le bassin ouest méditerranéen et fait en sorte que les perturbations soient déviées vers l'extrême nord. Y a-t-il d'autres régions qui vivent la même situation que le Maroc ? Cette situation n'est bien évidemment pas spécifique au Maroc. L'anticyclone s'étend sur la Méditerranée, il empêche les perturbations sur le sud de l'Europe et l'Europe occidentale également. Des pays comme la France, l'Espagne et le Portugal vivent actuellement le même scénario. Peut-on s'attendre à des changements dans un futur proche ? Pour le moment, cet anticyclone est toujours d'actualité et la situation n'est pas près de changer cette semaine. Nous espérons toutefois un changement avec la situation d'hiver. Le Maroc a-t-il vécu un retard pareil d'intempéries ? En 1974, le Royaume a fait face au même scénario. Nous avons également assisté durant les années passées à des pluies qui arrivent en début de saison pour ensuite disparaître. Cette irrégularité est, il faut le signaler, une conséquence directe du réchauffement climatique auquel le Maroc est d'ailleurs très exposé.